Nos productions 2018
en éducation permanente
- Janvier 2018 - Vocabulaire, bruits et paroles médiatiques
- Janvier 2018 - Le lien familial à l’épreuve de l’école
- Février 2018 - Le ruissellement de la richesse et autres fables
- Février 2018 - Dossier: l'associatif, un espace concédé en sursis?
- Février 2018 - L'associatif, un espace concédé en sursis? -bis
- Juin 2018 - Contre-pouvoirs
- Août 2018 - La fausse symétrie
- Septembre 2018 - Luttes pour la transformation des systèmes éducatifs
- Septembre 2018 - Va te laver! Questions d’hygiène
- Octobre 2018 - Facteurs de développement culturel
- Octobre 2018 - Lutte contre la désaffiliation et la désubjectivation
- Novembre 2018 - Des liens à nouer, renforcer ou dénouer
- Décembre 2018 - Va-te-laver – Questions d’hygiène 2
- Décembre 2018 - Vers une lumpen-alimentation?
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Vocabulaire, bruits et paroles médiatiques ». |
Pierre Bourdieu a montré que pour pouvoir analyser le monde social, il faut analyser aussi les instruments d’analyse, car ils constituent souvent ce qu’il appelle des « théories spontanées », dont l’analyste n’est que peu conscient mais qui font écran à sa compréhension du monde social. Lorsqu’on parle de lutte contre la pauvreté, comme dans d’autres domaines, il s’agit donc de questionner d’abord la théorie qui pourrait colorer d’emblée le propos avant même le début de la réflexion.
En commençant par le terme « pauvreté » lui-même, dont l’angle d’approche sera un premier cliquet dans la théorie. La manière de lutter contre cette pauvreté est de plus en plus vue via le prisme de théories spontanées comme « l’assistanat » (au lieu de « l’assistance ») ou « l’abus » (au lieu de « l’activation d’un droit »). Toute une chaîne de théories spontanées, non seulement touchant à la pauvreté mais à la vision du monde social lui-même, peuvent ainsi s’additionner et se renforcer, finissant par dévoyer complètement la lutte contre la pauvreté. La déconstruction minutieuse des enchâssements de théories spontanées qui font les politiques est donc indispensable.
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Vocabulaire, bruits et paroles médiatiques ». |
L’une de ces « théories spontanées » fréquemment embrassée par les médias – tout imprégnés de la nécessité de frapper les esprits vite et fort, plus vite et plus fort que le voisin – est que la lutte contre la pauvreté gagne à attiser la pitié, et que c’est là un rôle pour eux.
La 5è édition de Viva for Life s’est clôturée fin 2017, et tout indique qu’elle ne sera pas la dernière. Ces grands rendez-vous médiatiques se sont imposés comme quasi incontournables dans la lutte contre la pauvreté, agitant avec brio l’étendard moderne de la charité. Eclipsant, aussi, par leur ampleur et leurs moyens, tout autre type d’approche et de discours sur la pauvreté, et ne s’attardant guère par ailleurs sur les causes structurelles de celle-ci. Par contraste, nous avons choisi de mettre en avant un discours médiatique sur la pauvreté venu de l’intérieur de la classe populaire : L’Echo de la fabrique, hebdomadaire des ouvriers de la soie lyonnais, paru entre 1831 et 1835. Cet organe a largement décrit dans ses colonnes les souffrances des ouvriers misérables et méprisés ; il ne réclamait pourtant pas pitié, mais justice, et ses revendications étaient éminemment politiques ; et, d’ailleurs, terriblement modernes..
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Le lien familial à l’épreuve de l’école ». |
Les 3 services d'accrochage scolaire de Bruxelles (Seuil, SAS Bruxelles-Midi, Parenthèses) se sont associés dans un projet de prévention générale (2015-2017) à destination des parents de jeunes en décrochage. En effet, si les jeunes sont au centre des projets des SAS, il paraissait important de laisser une place aussi à leurs parents. Entre autres initiatives pour mieux les prendre en compte, une facette de ce projet de prévention générale a consisté à mettre sur pied des groupes de parole à destination de parents de jeunes en situation de décrochage scolaire.
Les objectifs étaient de permettre aux parents de se déculpabiliser par rapport aux difficultés rencontrées avec leurs adolescents, de partager le vécu, les expériences, de briser l'isolement, de dépasser le sentiment d'impuissance.
Un des constats des professionnels par rapport aux séances collectives était que peu de parents y participaient. Dans une démarche d'évaluation, il a donc été décidé d'essayer de comprendre ce peu d'intérêt apparent pour la formule. Cette analyse s’appuie sur des témoignages de parents et de professionnels et aborde la question en termes de désaffiliation. Quels éléments faut-il prendre en compte pour des parents souvent, comme leurs enfants, en voie de désaffiliation afin de leur proposer un soutien le plus adéquat possible ?
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de février intitulée « Le ruissellement de la richesse et autres fables ». |
Force est de reconnaître que nous assistons dans notre pays à une déconstruction systématique des protections et droits sociaux, à un « renversement de toutes les valeurs » qui ont conduit à ces conquêtes.
Il peut être utile dans ce contexte de s'intéresser aux façons qui sont employées par les auteurs et les partisans de cette déconstruction pour justifier leurs actions, pour rendre « acceptables » leurs « réformes » aux yeux de ceux qui n'en profiteront pas, voire s'en trouveront lésés ou détruits.
Nous nous intéressons ici aux croyances qui sont largement diffusées dans l'opinion sous la forme de ce que nous pourrions qualifier de « religion du marché », car elles remplissent un rôle similaire à celui que Marx attribuait à la religion.
Pour montrer les actions cognitives qui sont déployées afin de remplir ce rôle, nous nous baserons sur trois émissions récentes diffusée sur la RTBF et analyserons les argumentaires proposés.
Par Philippe Mahoux Diffusion via la newsletter de février intitulée « Dossier : l'associatif, un espace concédé en sursis ? ». |
Philippe Mahoux connaît bien la spécificité du travail associatif, pour l’avoir longuement côtoyée à travers son travail parlementaire, mais aussi pour s’y être très activement impliqué personnellement, notamment en fondant ou en présidant plusieurs associations. Le projet de Code unique des sociétés lui fait identifier plusieurs controverses sur l’identité associative ; controverses qui ne sont pas neuves, mais qui cette fois menacent d’être tranchées au détriment non seulement de l’associatif, mais aussi de la société.
- Une controverse sur le sens de la « simplification » ;
- une controverse sur le sens de la « modernisation » ;
- une controverse sur la vision que l'on peut avoir de la production de la société ;
- une controverse sur ce qu'on entend par « professionnalisation ».
Il pointe également plusieurs révélateurs préoccupants qui indiquent le lent mais redoutable cheminement du travail de sape contre cette identité associative et il invite à la vigilance critique.
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de février intitulée « Dossier : l'associatif, un espace concédé en sursis ? ». |
A l’heure de ce projet de réforme, il n’est pas inutile de jeter un regard vers le passé et de se rappeler de quelle histoire la vie associative est le produit.
C’est en remontant au XIXè siècle, à la Commune de Paris, mais aussi en amont, dans les années 1830, qu’on constate la maturation de l’esprit associatif. Il se déploie dans plusieurs directions, comporte plusieurs dimensions. Politique, avec les « clubs », héritiers de la Révolution française, qui se voulaient lieux de débats ouverts au peuple ; sociale, avec les « associations ouvrières de production », qui cherchaient à échapper à l’emprise absolue des patrons ; économique, avec la création des premières coopératives. C’est cette vie associative qui fut à l’origine des syndicats et des mutuelles, si malmenés aujourd’hui. Et elle fit aussi l’objet de fortes tentatives pour la brider.
L’histoire montre à quel point la vie associative est irréductible à une logique capitaliste, qu’elle a toujours combattue, et que le moindre des paradoxes ne serait pas, aujourd’hui, de l’y assimiler.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de février intitulée « Dossier : l'associatif, un espace concédé en sursis ? ». |
Le rôle de contre-pouvoir politique, économique et social des associations doit être réaffirmé, protégé et développé. Dans sa contribution à ce dossier, Jean Blairon développe cet aspect en se référant à la théorie des champs de Pierre Bourdieu.
Pour Bourdieu, le champ du pouvoir est un champ qui traverse tous les autres. L’enjeu est la lutte pour le pouvoir sur l’État, qui a la propriété d'agir dans tous les champs, notamment par le droit.
Le pouvoir, quel qu’il soit, ne peut réussir à se faire reconnaître en se légitimant lui-même ; il a besoin d’être légitimé, notamment par ceux qui possèdent une position dominante dans les divers champs (et qui luttent eux-mêmes pour cette place de dominants), mais aussi par les dominés. C'est notamment la mise au jour de ce mécanisme de légitimation (et d'autres) qui permet de poser autrement le problème de la vie associative et celui des réformes qui entendent la moderniser.
Par Christine Mahy et Jean Blairon Diffusion via la newsletter de février intitulée « L’associatif, un espace concédé en sursis ? - bis ». |
Décidément, le travail de sape de l’associatif s’infiltre insidieusement par tous les côtés possibles et fait flèche de tout bois.
Dans une précédente contribution, Philippe Mahoux évoquait la déstructuration de la vie associative que ne manquerait pas de produire la loi de réforme du Code des sociétés du Ministre Geens, en assimilant l’associatif à l’entreprise. L’une des controverses qu’il mettait en lumière concernait la vision de la « professionnalisation » supposée nécessaire du travail associatif, vision condescendante s’il en est puisque cette professionnalisation semblait ne pouvoir venir que du Saint Graal entrepreneurial, via par exemple, le mécénat de compétence.
Voilà qu’un autre projet de loi vise quant à lui à... déprofessionnaliser l’associatif. Il s’agit du projet de loi de la Ministre Maggie de Block sur le « travail associatif », permettant à une série de catégories de personnes (mais pas aux plus démunies) de prester un travail échappant à toute cotisation sociale et à tout impôt. C’est là une autre manière de déstructurer le travail associatif, en mettant à mal tout ce qui a justement contribué à structurer l’emploi dans ce secteur, qui en est un important pourvoyeur, ne l’oublions pas. Mais au-delà, cette loi constitue surtout une attaque des acteurs du contre-pouvoir que sont les associations. Cette attaque est opérée en y introduisant précisément ce travail déstructuré...
Il n'échappera à personne que la fausse professionnalisation (par la marchandisation) et la déprofessionnalisation, pour opposées qu'elles semblent être, concourent à la même entreprise de destruction.
Par Philippe Mahoux Diffusion via la newsletter de mai intitulée « Les « principes de vision et de division » qui font la politique ». |
Un certain nombre d’initiatives citoyennes se développent depuis quelques temps pour manifester une opposition ou une résistance aux diverses mesures qui, conjuguées, contribuent à mettre à mal l’État de droit. Si on peut saluer ces mobilisations citoyennes, il est pourtant nécessaire de garder une vigilance critique à propos de la manière de se les représenter.
Au départ d’un exemple français particulièrement révélateur, Philippe Mahoux veut insister sur le risque d’opposer de manière double et manichéenne ces initiatives citoyennes et l’action politique : les premières seraient d'office vertueuses et non partisanes, la seconde, toujours intéressée et partisane ; les premières réussiraient une action immédiate, locale, urgente, la seconde s’enliserait dans des politiques structurelles lentes, lointaines, peu efficaces.
C'est ce système d'oppositions qu’il se propose de déconstruire en interrogeant ces clivages sur trois points qui mériteraient d’être mieux réfléchis, si on veut éviter des positionnements contre-productifs, tant pour l’action citoyenne que pour l’action politique.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de mai intitulée « Les « principes de vision et de division » qui font la politique ». |
On lit souvent que le recul de la gauche, qui s'observe dans de nombreux pays européens, est dû au fait qu'elle a perdu « la bataille culturelle ». Le plus souvent cette bataille culturelle est représentée comme une lutte de « camps » (les représentations et valeurs des dominants ; celles des opposants) et ses protagonistes sont décrits soit comme des agences (les universités, les médias) soit comme des agents (les intellectuels, les artistes).
L'auteur pense que cette représentation est insuffisante sur deux plans :
- les camps, d'abord, ne sont pas homogènes, loin s'en faut ; il faut se donner les moyens de penser leur perméabilité ;
- l'action culturelle n'est pas le fait des seules agences ou agents.
Il semble que la gauche, si elle devait se déclarer convaincue de l'importance de la « bataille culturelle », devrait impérativement tenir compte de ces deux dimensions pour l'entreprendre. Nous sommes cependant parfois loin du compte.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de mai intitulée « Les « principes de vision et de division » qui font la politique ». |
Comme nous l’avons dénoncé déjà dans plusieurs analyses, on peut s’inquiéter de voir surgir, à une cadence de plus en plus élevée, des projets politiques divers et variés qui ont pour effet concomitant l’assimilation du monde associatif au monde marchand (par exemple, les récents projets de loi de code unique des sociétés du ministre Geens et du « travail associatif » de la ministre De Block).
Parallèlement, le modèle dominant de l’organisation capitaliste du travail se (re)nourrit d’anciennes théories qui permettent et justifient sa tendance assimilationniste en prétendant démontrer que toutes les organisations sont les mêmes et qu’il faut donc les penser de la même façon. C’est le cas de la distinction opérée dans les années 80 par Mintzberg entre buts de missions et buts de système.
Cette analyse s’attache à montrer comment l’usage social de ce modèle peut affaiblir le monde associatif.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de juin intitulée « Contre-pouvoirs ». |
Le 29 mai, la Fesefa (fédération des employeurs des secteurs de l’éducation permanente et de la formation des adultes) organisait son assemblée générale annuelle, à l’issue de laquelle était proposée une conférence-débat ayant pour thème « Vie associative : un contre-pouvoir est-il encore possible aujourd’hui ? » ; Jean Blairon avait été sollicité pour y intervenir. Ce texte est la transcription de son intervention, qui est structurée autour de trois parties, répondant aux termes contenus dans la question : « contre-pouvoir » ; « encore possible » ; « pouvoir ».
- La vie associative a-t-elle constitué un contre-pouvoir, et de quelle façon ? Un retour historique permet d’en dessiner les contours.
- Y a-t-il menace sur cet héritage ? Hélas oui, et par de multiples canaux, dont certains sont à la fois omniprésents, évidents et invisibles.
- Quel lien au pouvoir ? Il est possible de l’esquisser au départ du concept de champ.
Par Jean Blairon et Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de août intitulée « La fausse symétrie ». |
Si le football est un sport très populaire, il est surtout un sport hypermédiatisé. Après une omniprésence médiatique de la coupe du monde, peut-on s’intéresser à ce qui nous a été livré en filigrane (très voyant) de quelques propos tenus à cette occasion ? Par l’entraîneur des diables rouge, Roberto Martinez ; par le chroniqueur économique Amid Faljaoui ; par le philosophe politique Philippe Van Parijs. On peut y constater que la vulgate footballistique se calque sur la vulgate capitaliste, qu’elle transcende en quelque sorte, et que celle-ci se sert aussi d’elle pour argumenter ses options, entretenant une fausse symétrie et l’attractivité « sportive » d’un modèle qui nuit à tant de groupes.
Par Jean Blairon et Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de septembre intitulée « Luttes pour la transformation des systèmes éducatifs ». |
La Ficeméa est une association internationale qui vise à promouvoir « l'éducation nouvelle », qui est ainsi définie par l'association : « L’Éducation nouvelle a pour but l'émancipation des individus tout au long de leur vie, leur formation en qualité de citoyen afin de promouvoir la vie démocratique. ». Elle compte des membres dans de nombreux pays, sur plusieurs continents.
L’association a commandé à RTA une recherche-action destinée à soutenir une réflexion autour de l’identité commune à ces associations, dont les réalités sont bien différentes d’un endroit à l’autre. La recherche-action devait constituer une analyse des questions stratégiques posées à la Ficeméa par la diversité des pratiques que ses membres mettent en œuvre au quotidien.
La question de départ posée aux différents Ceméa était la suivante : « Compte tenu des pratiques que vous qualifieriez, s'agissant de vos actions, d'éducation nouvelle, comment décririez-vous les visées qu'elles entendent poursuivre ? ». 29 contributions ont été recueillies.
Nous en avons analysé les composantes communes et les pratiques spécifiques afin de relever les questions stratégiques qui se posent aux membres.
Au-delà de la situation particulière de cette association d’associations, cette recherche-action montre les enjeux que ce type de structure faîtière est amenée à rencontrer, en relation avec des systèmes éducatifs fort différents, et les questions que l’auto-évaluation peut permettre de traiter de manière commune.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de septembre intitulée « Luttes pour la transformation des systèmes éducatifs ». |
Cette analyse est issue d’une intervention de Jean Blairon dans les travaux de l’université d’été du Setca-SEL, en juillet 2018. Les travaux portaient sur l’état d’avancement du pacte d’excellence et sur les questions qu’il pose. Celles-ci avaient été instruites par Pierre Waaub et analysées dans son texte « Pilotage, contractualisation, évaluation, sanction ». Ce document servait de base aux travaux, en référence à l’avis n°3 du groupe central, qui est ici le matériau analysé par Jean Blairon.
Il apparaît que le pilotage du système éducatif préconisé par le pacte d’excellence s’inscrit clairement dans une vision néo-libérale. Les références au néo-management y sont nombreuses, derrière la commode couverture de « l’acteur » : individualisation de la relation professionnelle, responsabilisation, auto-contrôle, projet personnel de formation, etc. Les travaux de Jean-Pierre Le Goff dénonçant la « modernisation » sauvage de l’école et les « illusions du management », parus au début des années 2000, trouvent – malheureusement – un écho dans cette vision du pilotage. Peut-on tenter de retourner ces « illusions du management » ?
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de septembre intitulée « Va te laver ! Questions d’hygiène ». |
Goffman, sociologue de l’interaction en face à face, s’est attaché à montrer comment la vie sociale s’articulait autour de la notion de territoire et de ses vicissitudes. Nous sommes tous des interactants ayant droit à des réserves territoriales que nous nous attachons à défendre et à protéger, tout en respectant celles des autres, et c’est cette double attitude que permet toute une « grammaire » territoriale, garante d’interactions fluides et évitant les conflits. Mais dans la question de l’hygiène, ces repères sont bouleversés et tout devient plus compliqué. Cette analyse explore deux questions qui se posent dans la relation du travailleur social avec un bénéficiaire manquant d’hygiène :
- dans quelle grammaire territoriale cette question de l’hygiène se pose-t-elle ? ;
- à quels rapports d’interactions se réfère-t-elle ?
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de septembre intitulée « Va te laver ! Questions d’hygiène ». |
Dans cette seconde analyse, nous amènerons un point de vue plus méso : en montant au niveau des groupes (et non plus des individus), nous tenterons un travail sur les représentations de la question de l’hygiène, représentations qui ne sont évidement pas sans effet sur la relation interpersonnelle puisqu’elles la colorent fortement.
Nous sommes tous influencés par le milieu dans lequel nous vivons, et nous finissons par voir le monde à travers des « lunettes » que nous n’identifions même plus tant nous les avons incorporées.
Nous examinerons deux types de centrismes qui risquent de fausser l’analyse – et en richochet, les exigences – que nous pouvons avoir dans les questions d’hygiène (et dans d’autres aussi, d’ailleurs) : le centrisme de classe et le centrisme professionnel, qui se cumulent parfois.
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de septembre intitulée « Va te laver ! Questions d’hygiène ». |
Dans cette troisième analyse, nous adopterons une approche plus globale, en tentant de voir quels éléments plus sociétaux s’immiscent dans la question de l’hygiène, et dont la compréhension peut permettre d’en relativiser la signification. En d’autres termes, dans quels paradigmes l’hygiène est-elle pensée, vécue, incorporée aux habitudes, à tel point que nous n’en avons même plus conscience ?
Nous ferons un retour historique sur les évolutions de l’approche de l’hygiène au cours des siècles, au départ des travaux de Georges Vigarello, puis nous tenterons d’étudier le paradigme contemporain qui préside aux principes hygiéniques qui nous sont chers (ou dont nous sommes prisonniers).
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Facteurs de développement culturel ». |
En 2009, la FWB adoptait un décret, dit « Décret Créativité », qui a pour objet la définition des conditions d’octroi de reconnaissance pour trois catégories d’associations culturelles, dont les Centres d’expression et de créativité (CEC). C’est cette catégorie qui fait l’objet de cette étude.
Le texte prévoit une évaluation du décret tous les cinq ans. La Fédération pluraliste des CEC (FPCEC) a souhaité apporter sa contribution à cette évaluation et a sollicité RTA dans ce cadre.
Il y a bien des manières d’envisager l’évaluation d’une politique publique de soutien et d’octroi ; la voie qui a été choisie ici est inspirée du raisonnement de Boltanski sur le rôle des institutions qui doivent conférer (ou refuser) une légitimité à des acteurs, en l’occurrence, ici, culturels ; ce jugement, pour être équitable, doit se baser sur des « épreuves » que les candidats à l’octroi doivent affronter.
C’est donc à l’évaluation de ces épreuves (de leur définition, de leur administration, de leur adéquation) que le groupe s’est attelé, au départ de l’expérience de ceux à qui elles s’adressent.
La méthodologie choisie est un va-et-vient réflexif entre un comité de pilotage pour définir les questions structurantes, des groupes diversifiés pour comparer les pratiques, et le regard de l’intervenant extérieur.
Les pratiques comparées, pouvant être considérées comme le cœur du métier des CEC, étaient : la mise en œuvre des projets socio-artistiques ; les manières de favoriser l'expression citoyenne ; les façons d'articuler l'expression citoyenne et l'expression artistique.
De ces allers-retours se dégagent des analyses qui mettent en lumière un certain nombre de zones d’incertitude, non sur le travail lui-même, mais sur l’éligibilité et la justification de ces actions. Ces zones d’incertitude sont explorées, de manière à voir de quelles insuffisances le texte décrétal peut être porteur. Des hypothèses, sous forme de questions, sont élaborées, qui peuvent être des pistes d’amélioration du cadre décrétal. Enfin, des propositions générales explicatives des pratiques peuvent nourrir une politique de formation pour soutenir l’action des opérateurs.
Par Jean Blairon et Christine Mahy Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Lutte contre la désaffiliation et la désubjectivation ». |
Cette analyse constitue le prolongement de la recherche-action menée conjointement par RTA et le RWLP à la demande de l’administration générale de l’aide à la jeunesse, « Autonomie et logement des jeunes dans le secteur de l’aide à la jeunesse ».
Le 17 octobre 2018, à l’occasion de la journée mondiale de lutte conte la pauvreté, un séminaire a été organisé, où se sont rencontrés des acteurs de l’aide à la jeunesse et des CPAS, sous la houlette de Liliane Baudart, Administratrice générale de l’aide à la jeunesse, et d’Alain Vaessen, Directeur général de la Fédération des CPAS. L’objectif était d’examiner conjointement les principes efficients permettant de rendre possible une autonomie aussi effective que possible des jeunes qui sortent des institutions de l’aide à la jeunesse et se retrouvent, à 18 ans et souvent sans guère de supports, à devoir affronter la vie d’adulte.
Les principes efficients sont ceux qui, lorsqu’ils sont présents dans la prise en charge d’une situation, contribuent à la soutenir, et, a contrario, qui, lorsqu’ils sont absents, produisent plus de désaffiliation et plus de désubjectivation. L’analyse que font les jeunes de leur expérience, heureuse ou malheureuse, de l’autonomie permet de mieux identifier ces principes. En les soumettant à deux groupes de professionnels concernés par la problématique, l’analyse devait nourrir un débat à partir de la question suivante : comment pourrions-nous agir de concert pour faire en sorte que l’expérience de la « prise d’autonomie » permette à des jeunes en danger de se construire comme sujets de leur existence ?
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Lutte contre la désaffiliation et la désubjectivation ». |
Cette analyse constitue la retranscription d’une intervention de Jean Blairon lors du colloque organisé le 4 octobre 2018 par la Maison de l’Emploi d’Andenne, Andenn’AMO et leurs partenaires : « We Neet’s You ! ». La démarche était soutenue par Rachid Madrane, ministre de l’aide à la jeunesse. L’argumentaire du colloque était le suivant : « Ce colloque est organisé à l’intention des professionnels qui sont confrontés dans leur pratique quotidienne à l’accompagnement des jeunes « NEET » (ni à l’emploi, ni à l’enseignement, ni en formation) dans leur parcours d’insertion socioprofessionnelle. Cet accompagnement peut s’avérer complexe quand on a affaire à un public qui ne partage pas toujours les mêmes codes et qui possède bien souvent une vision très différente de la nôtre du marché de l’emploi. Comment susciter l’investissement de ce jeune public dans ses démarches de recherche d’emploi ? Comment le responsabiliser sans le braquer ? Comment lui proposer des actions qui font sens pour lui ? Comment partager avec lui les connaissances que nous possédons sans qu’il décroche ? »
Les recherches et les interventions menées par RTA nous ont montré qu’il ne fallait pas raisonner, à propos de ces jeunes, en termes de catégories ou de sous-catégories, et encore moins en termes d’identité supposée. Il s’agit plutôt de révéler les mécanismes qui pèsent sur des trajectoires, les infléchissant négativement – en ce compris la violence sociale. Deux cadre explicatifs sont mobilisés : la désaffiliation (R. Castel) et la désubjectivation (M. Wieviorka). Ils permettent de mieux comprendre comment se construisent les mécanismes destructeurs qu’il convient de combattre. Mais certaines politiques publiques sont loin de s’atteler à ce combat.
Par Frédérique Van Leuven Diffusion via la newsletter de novembre intitulée « Des liens à nouer, renforcer ou dénouer ». |
Frédérique Van Leuven est psychiatre et collabore avec RTA dans le cadre de l’aide à la jeunesse. Son analyse balise ce qui permet la construction de l’autonomie dès le plus jeune âge. Elle définit d’abord ce qu’est l’autonomie et relève les paradoxes qui entourent l’abus de l’usage de ce concept dans diverses facettes de la vie, et spécialement pour les plus faibles. Fortement valorisée dans nos sociétés, l’autonomie est généralement considérée comme le contraire de la dépendance, ce qui est une erreur de point de vue.
En ce qui concerne les jeunes, l’autonomie est un enjeu important dans les familles, mais aussi dans les institutions de l’aide à la jeunesse, et elle est vécue pour certains comme une épreuve très difficile. Frédérique Van Leuven développe en particulier le rôle de l’attachement dans l’acquisition de l’autonomie. Mais elle l’aborde d’une manière qui se distingue de la théorie de l’attachement. Elle insiste sur l’importance de tous les petits repères, humains ou non, qui permettent d’éprouver une forme de sécurité, et brosse un vaste panorama des difficultés rencontrées notamment par les jeunes fragilisés pris en charge par l’aide à la jeunesse lors de la préparation de leur autonomie.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de novembre intitulée « Des liens à nouer, renforcer ou dénouer ». |
Une équipe de professionnels d'un service d'accompagnement de personnes handicapées adultes, le Service L'essentiel à Tournai, s’est livré, autour du thème « temps et institution », à un travail de séminaire qui a suivi plusieurs « mouvements » : une tentative de problématisation de la question ; une lecture de la problématique en termes d'analyse institutionnelle ; des études de cas menées en confrontant différents points de vue interprétatifs. La présente analyse fait retour sur ces mouvements successifs et tente d'en donner une lecture transversale.
Le lien « temps et institution » peut être abordé selon plusieurs registres. Ainsi, si le temps est envisagé seulement dans le registre de l’objet de l’intervention, d’autres dimensions peuvent être occultées de manière dommageable, en particulier celles de l’interaction bénéficiaire/professionnel et celle de la dimension politique du temps. L’analyse de situations vécues permet d’en appréhender l’importance.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de novembre intitulée « Des liens à nouer, renforcer ou dénouer ». |
Jean Blairon a été sollicité par le Mouvement d'éducation permanente Présence et Action Culturelle pour participer à une réflexion critique sur l’émergence dans le secteur associatif d’outils d’animation qui se réclament de la méthodologie des « intelligences collectives ».
Le Mouvement a notamment organisé un « midi » de PAC sur la question et compte consacrer son université d’automne, organisée avec Peuple et Culture du 3 au 6/12, à cette question. Les participants sont invités à réfléchir aux liens qui existent entre « Outils, culture managériale et dynamique associative ». Nous publions ici notre contribution à cette réflexion partenariale.
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Va-te-laver – Questions d’hygiène 2 ». |
L’Afsca, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, est chargée de vérifier l’observance des normes d’hygiène dans tous les établissements publics où de la nourriture est servie. C’est le cas, aussi, dans les services de l’aide à la jeunesse qui hébergent des mineurs en danger (les SAAE), qui sont souvent de petites structures, à dimension familiale.
Tous les éléments qui permettent d’entretenir la convivialité y ont une importance ; c’est le cas des repas et de la nourriture en général. Dans ce cadre, l’intervention de l’Afsca n’est pas sans conséquences ni dommages collatéraux en matière de cohésion sociale dans l’environnement et de pouvoir d’agir des jeunes hébergés.
Par Jacqueline Fastrès Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Va-te-laver – Questions d’hygiène 2 ». |
Si plusieurs paradigmes se sont succédé au cours du temps pour envisager la question de l’hygiène, ils ne se sont pas construits par hasard. Nous nous attacherons ici à voir sur quels type de rouages sociaux l’hygiène à contribué à jouer, et spécialement à partir du XIXè siècle. L’hygiénisme s’érige alors en doctrine centrale pour la gestion de la cité. Le retour d’épidémies et de la peur qui les accompagne, les progrès scientifiques et les découvertes médicales, le développement industriel sont des éléments qui encouragent son développement.
Au-delà, la promotion de l’hygiène devient un instrument de conservation et de contention de la classe ouvrière en pleine expansion. Dans un grand mouvement métonymique, la propreté devient synonyme de moralité, et inversement la saleté est associée à l’immoralité. Ce qui permet de substituer la cause à la conséquence : le manque d’hygiène, ainsi, ne serait pas la conséquence de la pauvreté, mais la cause d’un laisser-aller qu’il convient de combattre tout en en contrôlant les moyens. On voit dès lors se dessiner des éléments qui permettent de construire le pauvre en ennemi. Ce retour historique incite aussi à un recul réflexif sur ce qui peut rester, dans les esprits du XXIè siècle, de cette construction.
Par Christine Mahy et Jean Blairon Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Vers une lumpen-alimentation ? ». |
L’accès à la possibilité de s’alimenter n’est désormais plus garanti pour une partie de la population de nos pays pourtant riches. Mais quelle réponse politique ce problème reçoit-il ? De plus en plus, ce sont des circuits parallèles qui prennent le pas sur une réponse structurelle. Alimentés par les surplus divers (de la grande distribution, de l’agriculture, de l’Europe, etc.), ces circuits, parés des vertus de la bonne intention et de la lutte contre le gaspillage, constituent ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’aide alimentaire ». Ils deviennent de plus en plus synonymes de normalité ; en d’autres termes, ils « s’installent » comme non seulement acceptables, mais légitimes, actant le renoncement croissant à régler le problème de manière structurelle.
Christine Mahy et Jean Blairon ne critiquent pas les actions de solidarité qui sont mises en place, mais mettent en garde contre les effets pervers de l’installation de l’aide alimentaire et des usages sociaux et politiques que cette installation permet sous couvert de philanthropie.
Par Jean Blairon Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Vers une lumpen-alimentation ? ». |
Jean Blairon analyse ici les systèmes de justification avancés dans les émissions, très médiatisées chaque hiver, pour expliquer l’installation de l’aide alimentaire. Une étude de cas à propos des arguments charriés dans les chansons des Enfoirés montre trois systèmes de justification entremêlés et qui se renforcent mutuellement. Ces justifications mettent au centre l’inefficacité présumée des politiques structurelles comme allant de soi et y opposent l’impact d’une action (la leur) qui « au moins » fait quelque chose l’hiver. Elles ne remettent pas en cause les inégalités puisque les Enfoirés s’affairent à les atténuer. Elles n’hésitent pas non plus à manier le paradoxe de l’aide alimentaire en quelque sorte « contrainte ».
Plus inquiétant encore : au fil des années, les chansons se dirigent de plus en plus vers une justification minimaliste (faire le show pour faire rêver), ancrant par là des « mobilisations générales momentanées » (M.G.M.) qui font entrer l’action contre les inégalités dans le cycle de la marchandise culturelle. Lire l’analyse
Descriptifs des analyses 2018 à paraître/parues chez nos partenaires Les analyses répertoriées ci-dessous ont été liées à des prises de parole ou à des interventions dans des collectifs de professionnels ; elles ont été ou seront publiées par ces partenaires, ce qui assure une diffusion plus large ou plus diversifiée que via notre politique éditoriale habituelle. Elles sont néanmoins disponibles sur demande (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).
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Le 9 mars 2018, le Centre de recherches criminologiques de l’ULB proposait une journée consacrée à la présentation et à l’analyse du nouveau « Code de la prévention, de l’aide la jeunesse et de la protection de la jeunesse », voté le 18 janvier 2018. Le Code réserve un livre entier à la prévention, consacrant ainsi cette politique comme une visée importante de l’aide spécialisée à laquelle les jeunes ont droit, avant que leurs problèmes s’enveniment. Jean Blairon y présentait la nouvelle orientation de la politique de prévention contenue dans le livre 1 du Code. Il y faisait un recul réflexif sur l’évolution du concept et de ses composantes, relevait les controverses qu’il avait suscitées et suscitait encore, ainsi que les points d’attention à l’adresse des acteurs de prévention. Le colloque était diffusé, par les soins de RTA, en streaming et en live sur https://www.enlignedirecte.be. Il a fait ensuite l’objet d’un remontage, toujours visible sur https://www.enlignedirecte.be/6910.
La présente analyse reprend de manière plus fouillée l’exposé de Jean Blairon.
Par Jacqueline Fastrès Publication dans le trimestriel Ethica Clinica, n°92 "Face à la violence: Comprendre et agir", décembre 2018, http://www.unessa.be/Ethica-clinica/Les-numeros/Relations-de-soin/92-Face-a-la-violence-Comprendre-et-agir.aspx. |
Le CAAJ de Marche-en-Famenne avait, en 2017, opéré avec l’accompagnement de RTA, une démarche d’auto-évaluation autour des violences institutionnelles que peuvent générer, même malgré elles, les institutions du secteur de l’aide à la jeunesse, publiques ou agréées, qui prennent en charge les jeunes en danger ou en difficulté. Cette démarche a intéressé le secteur de la santé mentale. Il nous a été demandé d’expliciter le cadre et les objectifs de cette démarche, dans l’optique d’informer le secteur de la santé mentale dans un registre éthique. C’était d’autant plus intéressant que le sociologue Erving Goffman a fondé son analyse de l’institution totale sur une longue observation des fonctionnements de l’hôpital psychiatrique et qu’une attention toute particulière à éviter ces dérives doit être mise en place par les services. Au-delà, nous avons interrogé les effets que peuvent avoir sur la relation de service des éléments bénins du quotidien, qui, en s’accumulant, peuvent avoir des effets négatifs sur les bénéficiaires.
Le salariat est détricoté : place aux contrats zéro heure, à l’intérim, aux flexi- et bullshit jobs, aux faux indépendants et autres auto-entrepreneurs… La révolution numérique est brandie comme une menace appelant les travailleurs à tout accepter pour sauver leur emploi. Quant aux chômeurs, ils sont appauvris, contrôlés et sanctionnés de toutes parts. Face à ces évolutions, il est urgent de faire le point et de nous interroger sur les conséquences de l’évolution du travail à court, moyen et long terme sur les salariés, de définir les contours des conditions de travail aujourd’hui. Il s’agit également de dresser des perspectives au regard de l’évolution du monde du travail, des lois qui l’encadrent mais aussi de l’avenir des organisations syndicales. Tout au long de notre réflexion, nous irons à l’encontre de l’idée, de plus en plus diffuse, que nous allons vers la dissolution, la mort du travail face à la technologie et la mondialisation. Nous remettrons en évidence l’importance du travail et tenterons de lui redonner ses lettres de noblesse ! Voilà toute l’ambition de ces Etats généraux du Travail que le CEPAG propose. Pour ce faire, notre mouvement ne sera pas seul. Des partenaires - FGTB wallonne, GRESEA, ULB (département des sciences sociales et du travail), FAR, RWLP, RTA, ETUI - ont été invités à participer à ce processus de réflexion. » (http://www.cepag.be/node/3029) |
Dans le cadre des « Etats généraux du travail », le CEPAG a organisé une matinée de réflexion et d'échanges sur la question de la précarisation du travail.
La question posée était celle-ci :
« Individualisation, « crise », mise en concurrence des travailleurs, exigences de rentabilité liée à la compétitivité, diktat des actionnaires… Tout contribue à rendre le travail de plus en plus précaire, mettant les travailleurs dans une insécurité sociale et financière permanente.
Quelles conséquences pour le monde du travail et pour la société dans son ensemble ? »
Invité à proposer une analyse critique de l’ensemble du travail des intervenants en partant du point de vue de son choix, Jean Blairon a choisi d’investiguer l’hypothèse d’une précarisation des luttes à propos du travail. C'est, en suivant les analyses des acteurs eux-mêmes, se demander dans quels faits de structure ils pouvaient être pris et comment ces faits de structure pouvaient, le cas échéant, produire des effets sur leurs analyses et prises de position et, au-delà, sur leur capacité d'action. Pour ce faire, Jean Blairon tente de réaliser ce que les sociologues de l’innovation nomment un « investissement de forme », soit un effort pour réduire la complexité, pour permettre aux acteurs de mieux l'appréhender via un « intermédiaire » (en l'occurrence un texte), qui peut circuler dans des environnements divers et « représenter », certes imparfaitement, la complexité à laquelle tous sont confrontés.
Le 8 mars 2018, le Centre d'Education Permanente et de Promotion Sociale des Travailleurs d'Arlon (CEPPST) organisait un colloque consacré au travail social : « Le travail social : un secteur sous pression – S'adapter ? Résister ? ».
Jean Blairon était invité à prendre en charge le rapportage de ce colloque, durant lequel de nombreux matériaux avaient pu être exposés.
Il a donc choisit de reformuler le questionnement tel qu’il se pose à la fin du colloque, et de s’appuyer sur les exposés des intervenants pour voir de quelle manières ils peuvent répondre à ce questionnement.
Le congrès de la CSC Namur-Dinant se tenait le 25 mai 2018. Invité à apporter une réflexion sur l’engagement syndical, Jean Blairon s’est basé pour ce faire sur des portraits écrits et filmés de délégués et de militants, réalisés par RTA. De l'analyse que ces délégués et militants font de leur expérience, on peut tirer des éléments d'interprétation et de questionnement :« Est-ce que ces résultats nous inspirent des questions sur ce que nous sommes, pouvons et voulons être ? ».
Les témoignages indiquent que l’engagement syndical ne se réduit pas à l’exercice d’une fonction, mais présente tous les traits d’une culture : une représentation du monde, des valeurs, des modalités d’expérience. Ce qui rend cet engagement, comme toute culture, sensible à l’expérience vécue, qui la nourrit, mais aussi à l’empêchement de se reproduire, qui contribue à la détruire.
Parmi les conquêtes syndicales, il y en a de fait une qui est la condition de toutes les autres : l'investissement dans la reproduction et la production de sa propre culture et du « sens pratique » qu'elle produit. Rapporté à l’engagement syndical, ce constat en amène une série d’autres, qui portent sur la vision du travail, sur le sens des luttes syndicales, et sur la résistance aux risques de fragmentation et de dispersion.
Le 5ème Congrès des Directeurs Généraux de CPAS s'est tenu à Liège les 26 et 27 avril 2018. Le Congrès s'était donné pour thème l'avenir de la fonction commune aux participants. Jean Blairon a été sollicité pour fournir un appui méthodologique au groupe porteur du Congrès.
Au-delà de l'intérêt de la rencontre pour elle-même, qui permet à un corps professionnel de se vivre comme corps, ce qui est important, ce Congrès voulait se porter au plus près des préoccupations quotidiennes et institutionnelles des membres, et en l’occurrence, des fortes incertitudes auxquelles le secteur est soumis.
Jean Blairon a effectué une analyse a posteriori des enjeux auxquels ce secteur est confronté.
Au départ des interventions des orateurs, Jean Blairon se propose d’abord d’articuler ces apports pour éclairer l’avenir de la fonction de Directeur Général en ce qu’elle a de spécifique en CPAS ; il tente ensuite de pointer les orientations stratégiques dont les agents pourraient, s’ils le voulaient, s’emparer collectivement.