Lors d’interventions de formation, RTA a été sollicité autour de la difficulté, pour des professionnels de l’aide sociale, d’aborder avec des bénéficiaires les questions d’hygiène « déficiente ».
Il nous a paru intéressant d’aborder la question sous divers angles, dans une optique de recul réflexif. Pourquoi est-il si difficile de parler de « ça » ? Qu’est-ce qui se cache derrière les points de vue des uns et des autres sur la notion d’hygiène ? Quels enjeux sous-jacents charrie-t-elle ?
Les analyses suivantes ne transmettent donc pas d’outil construits, mais communiquent les raisonnements, les références et les points de vue qui ont permis de les construire ; nous les avons regroupés en trois niveaux : micro, meso, macro.
Questions d’hygiène – Une approche micro : l’interactionnisme de Goffman
Par Jacqueline Fastrès
Goffman, sociologue de l’interaction en face à face, s’est attaché à montrer comment la vie sociale s’articulait autour de la notion de territoire et de ses vicissitudes. Nous sommes tous des interactants ayant droit à des réserves territoriales que nous nous attachons à défendre et à protéger, tout en respectant celles des autres, et c’est cette double attitude que permet toute une « grammaire » territoriale, garante d’interactions fluides et évitant les conflits. Mais dans la question de l’hygiène, ces repères sont bouleversés et tout devient plus compliqué. Cette analyse explore deux questions qui se posent dans la relation du travailleur social avec un bénéficiaire manquant d’hygiène :
- dans quelle grammaire territoriale cette question de l’hygiène se pose-t-elle ?
- à quels rapports d’interactions se réfère-t-elle ?
Questions d’hygiène – Une approche méso : travailler les représentations
Par Jacqueline Fastrès
Dans cette seconde analyse, nous amènerons un point de vue plus méso : en montant au niveau des groupes (et non plus des individus), nous tenterons un travail sur les représentations de la question de l’hygiène, représentations qui ne sont évidement pas sans effet sur la relation interpersonnelle puisqu’elles la colorent fortement.
Nous sommes tous influencés par le milieu dans lequel nous vivons, et nous finissons par voir le monde à travers des « lunettes » que nous n’identifions même plus tant nous les avons incorporées.
Nous examinerons deux types de centrismes qui risquent de fausser l’analyse – et en richochet, les exigences – que nous pouvons avoir dans les questions d’hygiène (et dans d’autres aussi, d’ailleurs) : le centrisme de classe et le centrisme professionnel, qui se cumulent parfois.
Questions d’hygiène – Une approche macro : de quelle société êtes-vous l’interprète ?
Par Jacqueline Fastrès
Dans cette troisième analyse, nous adopterons une approche plus globale, en tentant de voir quels éléments plus sociétaux s’immiscent dans la question de l’hygiène, et dont la compréhension peut permettre d’en relativiser la signification. En d’autres termes, dans quels paradigmes l’hygiène est-elle pensée, vécue, incorporée aux habitudes, à tel point que nous n’en avons même plus conscience ?
Nous ferons un retour historique sur les évolutions de l’approche de l’hygiène au cours des siècles, au départ des travaux de Georges Vigarello, puis nous tenterons d’étudier le paradigme contemporain qui préside aux principes hygiéniques qui nous sont chers (ou dont nous sommes prisonniers).
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