Nos productions 2019

en éducation permanente

 

Chapitre I -Nos analyses et nos études

Chapitre II -Nos services

 

 

Chapitre I

Nos analyses et nos études

 


Analyse n°1
« Mouvement des gilets jaunes » : quelles questions ?

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de mois intitulée « Sortir des cases ? ».
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Les gilets jaunes qui ont surgi à la une des médias depuis quelques semaines, tant en France qu’en Belgique, font couler beaucoup d’encre par plus d’un trait : la soudaineté du surgissement, l’ampleur de la mobilisation, tant en nombre qu’en durée, la variété des profils des manifestants, le refus de se structurer et d’avoir des porte-parole, entre autres. Beaucoup s’interrogent : s’agit-il d’un mouvement, au sens que donne à ce terme la sociologie de l’action ?

Jean Blairon pour sa part préfère relever les questions que l’action collective des gilets jaunes, quelle que soit la qualification qu’on lui donne, pose en référence à l’éducation permanente, appelant un exercice de réflexivité sur les engagements et les enjeux des associations dont l’éducation permanente est justement la mission.

Ainsi, la place donnée à la question sociale qui se lit dans les revendications des gilets jaunes ; la diversité des traductions politiques qui sont proposées à l’intérieur d’une même mobilisation ; la relation défiante du groupe à sa représentation par un porte-parole ; la vision de la participation politique ; les enjeux politiques d’un changement de paradigme autour du « nous solidaire » ; autant de questionnements à saisir par l’éducation permanente en entrant en relation avec les gilets jaunes.

 


Etude n°1
Controverses à propos du « projet pour l’enfant » prévu par le Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Le " projet pour l’enfant " ».
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Le secteur de l’aide à la jeunesse a vu changer son cadre décrétal avec l’adoption du nouveau Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse du 18 janvier 2018. Le Code entre en vigueur en ce début 2019, et les arrêtés d’application sont finalisés ou en bonne voie d’élaboration.
Parmi les changements que le Code apporte figure une nouvelle disposition, affirmée comme un nouveau droit pour l’enfant : le « projet pour l’enfant » (articles 24 et 41 du Code). Il vise à « garantir son développement physique, psychique, affectif, intellectuel et social » et « (...) l’accompagne tout au long de son parcours dans le cadre de l’aide à la jeunesse ou de la protection de la jeunesse ». Il s’agira donc, pour les mandants, de formaliser dans un document spécifique les articulations des actions menées en faveur des jeunes dans le cadre de l’aide négociée ou de l’aide contrainte.


Les visées de cette nouvelle disposition sont positives : garantir une continuité dans les interventions, garder mémoire du parcours de l’enfant, permettre la co-construction de la stratégie d’intervention.
La mise en œuvre de cette disposition devant encore être précisée, Jean Blairon souhaite, dans cette étude, apporter un point de vue réflexif aux travaux menés en ce sens.
Il identifie trois controverses à prendre en compte pour éviter des retournements de sens ou des effets imprévus.
- une controverse effective sur le sens même du « projet » ; - une controverse sur son usage potentiel ; - une controverse possible sur son élaboration.

La première identifie l’enjeu micro-politique produit par cette introduction dans le Code ; les deux suivantes posent des questions de relations entre acteurs.

 


Analyse n°2
Le politique et ses problèmes

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de mars intitulée « Analyse d’un désaveu ».
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Le titre de cette analyse se réfère à l’ouvrage de John Dewey, Le public et ses problèmes, écrit en 1926. Si cet auteur est ici convoqué, c’est qu’il est frappant de constater que l’analyse qu’il y faisait des problèmes politiques vécus à cette époque résonne étonnement encore de nos jours, et que les principes de recul réflexif qu’il y proposait gardent toute leur pertinence.

Le début de 2019 est marqué par toute une série de manifestations et d’actions (gilets jaunes, jeunes pour le climat, grève générale du 13 février), qui peuvent être interprétées de manières diverses. Les améliorations recherchées semblent de deux ordres, requérant :

  • un changement de politiques, soit d’orientations ;
  • un changement de la politique, soit de fonctionnement. C’est ce second point qui sera ici examiné.

La tendance majoritaire de nombreux commentaires est en effet de pointer le personnel politique comme source de tous les maux, et d’en appeler à des dispositifs considérés comme plus démocratiques.

Pour Dewey, pour évaluer une politique, il faut analyser les conséquences qu’elle produit. C’est à cet exercice que Jean Blairon tente de se livrer, pour garder une vigilance critique par rapport aux conséquences possibles des changements de la politique que l’air du temps semble trouver d’office vertueux.

 


Analyse n°3
Ce qui se cach(e) (ait) vraiment derrière la réforme APE ?

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de avril intitulée « La réforme suspend son vol ».
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La réforme APE prévue par le gouvernement wallon ne sera finalement pas votée sous cette législature. Elle a fait couler beaucoup d’encre, suscité de multiples inquiétudes dans les foyers et dans les services, mobilisé contre elle des milliers de personnes dans les rues de la capitale wallonne. Mais si ce vote est repoussé, il reviendra peut-être à l’ordre du jour dans quelques mois.

C’est la raison pour laquelle un retour réflexif sur les enjeux réels de cette réforme reste nécessaire. Que cache t’elle derrière ces arguments de transparence, de cohérence et d’efficacité qu’elle met en avant ?
Jean Blairon explore chacun de ces arguments.
En les référant, d’abord, au sens du dispositif APE au moment de sa création, et aux avancées qu’il a permises, reconnues par la Cour des Comptes. Que resterait-il de ce sens ? Que resterait-il desdites avancées avec cette réforme ? Quel aurait été le rôle des ministres fonctionnels, si ce que la réforme voulait éviter était le « fait du prince » ? Quel aurait été le sort des personnes sous statut APE ?
Et si la vigilance reste de vigueur, c’est vers les programmes électoraux qu’elle doit désormais se tourner.

 


Analyse n°4
Les « bulletins » des Ministres Une déformation dangereuse du champ politique

Par Jean Blairon et Jacqueline Fastrès

Diffusion via la newsletter de mai intitulée « Déformation médiatique du champ politique ».
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En cette période pré-électorale, le journal Le Soir a publié, durant plusieurs jours, les « bulletins des ministres » des différents gouvernements. Nous nous sommes penchés sur ceux des gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie publiés les 23 et 24 avril 2019.

En effet, cette initiative ne laisse pas d’étonner si ce n’est d’inquiéter. Elle fait écho au constat que faisait déjà Pierre Bourdieu il y a près de 20 ans : les agents du champ médiatique sont devenus des agents en première personne du champ politique, sur lequel ils pèsent. Voire qu’ils contribuent à déformer, s’érigeant en arbitres (de ce champ comme d’autres d’ailleurs), l’arbitrage s’effectuant à partir des critères de leur propre champ et non de ceux du champ concerné, comme le montre l’analyse des bulletins réalisés.

Au-delà, nous proposons des critères de jugement d’une action politique qui pourraient être dégagés d’une analyse de la politique comme champ si celui-ci était moins déformé par le champ médiatique.

 


Etude n°2
« Evaluation » des résultats, évaluation des effets, quelles différences ?

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de mai intitulée « Résultats ou effets ? ».
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Avec la récente réforme du décret de l’éducation permanente, un changement de cap s’opère dans l’approche de la question de l’évaluation, avec une exigence réflexive nouvelle d’auto-évaluation qui met l’accent sur le qualitatif et le sens de l’action, et non plus prioritairement sur le quantitatif. Si ce changement n’en est qu’à ses prémices, il revêt cependant une importance symbolique non négligeable dans la résistance au modèle ultra-dominant de « l’évaluation », bien en phase avec le mode de pensée néo-libéral.

Parmi les quatre questions qui portent sur le sens des actions dont les associations d’éducation permanente doivent désormais se saisir, il en est une que nous explorerons plus en profondeur dans cette étude :

3. Quel est / quels sont l’effet / les effets et impacts que l’association cherche éventuellement à produire et / ou à susciter à partir de ses actions et vers quels destinataires ?

Nous tenterons ainsi de faire saisir l’ampleur de la différence entre une approche néo-managériale de l’action des associations et l’approche réflexive qui est désormais prônée. La première convoquera les associations à une « évaluation » des résultats (y compris dans une logique de doute, voire de suspicion : « est-ce que ça sert à quelque chose ? ») ; la seconde les invitera à se mobiliser effectivement dans une évaluation des effets.

D’abord, nous différencierons les notions de contrôle et d’évaluation, si souvent (mais pas si innocemment) confondues, la première se glissant trop souvent dans les habits de la seconde et profitant de l’ambiguïté ainsi produite pour asseoir une démarche de pouvoir. Ainsi, « l’évaluation » des résultats s’est imposée quasi partout – en fait, une démarche de contrôle souvent sournoise.

Nous donnerons des exemples (d’hier et d’aujourd’hui, car la tendance n’est pas neuve) de cette usurpation de sens dans la gestion de diverses politiques ; nous nous attacherons à en montrer les rouages.

Par opposition, nous explorerons ce qui, dans la réelle démarche d’évaluation, produit des effets (et non des résultats) au long d’un processus de recherche.

 


Analyse n°5
Le métier d’éducateur et la question de la fierté professionnelle

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de septembre intitulée « Comment on doit aider ce qui vient néanmoins tout seul ».
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Cette analyse a été réalisée à l’occasion d’un colloque organisé en juin 2019 par l’institut de promotion sociale Lallemand à Bruxelles. Le thème en était « Quel rapport entre la représentation des idéaux professionnels et les enjeux de l’éducation (permanente) ? ».
La fierté professionnelle peut reposer sur plusieurs composantes, qui dépassent la tâche en elle-même et qui incitent le travailleur à se dépasser, à se dépenser. Toutefois, cette fierté peut être aussi détournée par le management, qui impose une concurrence généralisée sur fond d’adhésion contrainte à des valeurs dictées d’en haut, ou elle peut aussi être marquée par l’incertitude ou le doute, dans des professions qui sont socialement peu valorisées. Cela peut être le cas du métier d’éducateur.


Jean Blairon propose d’aborder la question sous l’angle de l’analyse institutionnelle, et de lire le local au départ du global.
Et le global, c’est d’abord une société du « bougisme » généralisé. Le changement récurrent est de plus en plus prôné, voire imposé. Ne pas bouger, ce serait résister à la modernisation.
Dans le social, on sait combien les politiques d’activation surfent sur cette obligation de (se) bouger, qui condamnent nombre de personnes à courir après un « projet » souvent proche du mirage.
Dans ce cadre, la question du rôle politique des éducateurs se pose comme centrale. Où mettront-ils leur fierté professionnelle ?

 


Analyse n°6
Les vertus fantasmées du hasard

Par Philippe Mahoux et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de novembre intitulée « Le discrédit de la démocratie représentative: tentatives d’objectivation ».
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La démocratie représentative est de plus en plus dénigrée ou discréditée. D’aucuns estiment que l’élection n’est plus un mode approprié de désignation du personnel politique.

C’est au départ d’une nouvelle de l’écrivain argentin Borgès, « La loterie à Babylone », que les auteurs introduisent leur propos. Cette loterie ne porte pas sur un gain possible d’argent, mais sur le sort des individus qui parient. Puis elle gagne du terrain jusqu’à se généraliser et dominer la vie entière de la cité.

Le tirage au sort semble aujourd’hui ne plus être réservé à la fiction ou à la littérature fantastique ; il est de plus en plus présenté comme un dispositif recommandable, meilleur que d’autres, dans des environnements où un tel recours ne laisse pas d’étonner.

Les auteurs en donnent deux exemples récents : la conduite des affaires publiques et les politiques sociales. Puis ils proposent une réflexion sur la question de fond que ces nouvelles tendances posent quant à la légitimité de la politique.

 


Analyse n°7
« Désobéissance » et projet socioartistique: une articulation à interroger

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Tourments culturels ».
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Cette analyse est issue d’une intervention de Jean Blairon dans une « causerie » organisée par Incidence, la fédération de la créativité et des arts en amateur le 26 octobre 2019, et qui soulevait la question suivante : Quelle part la désobéissance peut-elle prendre dans un projet socioartistique ou culturel ?

Pour Jean Blairon, il ne s’agit pas de se demander si la « désobéissance » (mot valise par ailleurs) prend une place trop grande voire illégitime (propos entendu un jour « vous n’êtes pas subventionné pour faire la promotion de la désobéissance civile »), ou au contraire une place trop faible, si ce n’est pusillanime.

Il s’agit plutôt de se poser la question de la translation d’un univers à l’autre : de l’univers culturel à l’univers social ou politique par exemple. Par translation, on peut entendre la production d’effets dans un autre univers (un autre champ pour utiliser ce concept de Bourdieu) que celui dans lequel l’acte est posé. Au départ d’exemples, Jean Blairon montre la difficulté de cette translation, souhaitable et nécessaire pour autant qu’elle ne soit pas instrumentalisée.

 


Analyse n°8
Marchandisation de la culture, culture de la marchandisation

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Tourments culturels ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Le 8 novembre 2019, le Parti de la gauche européenne inaugurait son Forum de Bruxelles. Le programme du Forum faisait pour la première fois une place à la question de la culture, via une session intitulée « Culture émancipatrice ou culture de marché ? »
Jean Blairon était invité à présenter son point de vue sur cette thématique.

A la fin des années 70, Marcel Hicter prônait une démocratie culturelle, basée sur un travail d’animation culturelle au cœur des populations, qui ferait de l’animateur une instance critique et du groupe un agent de transformation sociale, qui « s’affranchit des lois du monde ordinaire ». 20 ans plus tard, Bourdieu constatait que désormais c’était la diffusion qui commandait la production. La culture se voyait marchandisée. Se demandant comment on en est arrivé là, Jean Blairon analyse les éléments qui, se cumulant, et portés par diverses instances de légitimation, mènent un pas plus loin, à une culture de la marchandisation.

 


Analyse n°9
La pauvreté infantile, un concept pertinent et utile ?

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Contre la stigmatisation ».
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La période de fin d’année voit revenir les mêmes rituels de fêtes, de consommation, et aussi désormais, pour la 7è fois, de l’émission Viva for Life. Le dossier de presse encense l’opération, en prétendant erronément,comme à l’habitude, de venir en aide aux enfants ; il met particulièrement en avant le caractère festif de la mouture 2019 qui aura lieu à Tournai. L’inclusion de la campagne de sensibilisation dans un continuum festif n’est pas sans poser question.

Ce battage médiatique contribue ainsi à une stratégie du statu quo : il entérine un désengagement public en matière de lutte contre les inégalités et le défaussement sur la responsabilité individuelle, y compris en matière de « devoir de don ». Le concept de « pauvreté infantile » sert sans nul doute à faire vendre l’opération, mais aussi, en héritier de la philanthropie bourgeoise, à stigmatiser des parents qui sont pourtant victimes de causes structurelles (qui ne trouvent pas de correctifs dans l'opération) et dont les ressources subjectives sont détruites par la lutte continuelle pour des moyens de survie.

 


Analyse n°10
Le dispositif de réduction des risques, une analyse institutionnelle

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Contre la stigmatisation ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.
Publié également sur https://namurentraidesida.jimdo.com/colloque/documents/

L’asbl Namur entraide sida organisait un colloque, le 21 novembre 2019, à l’occasion des 10 ans de son service L’Echange, service d’Aide et de Soins spécialisés en Assuétudes. Sollicité à cette occasion, Jean Blairon propose une analyse institutionnelle du dispositif de réduction des risques autour de trois portes d’entrée, en recherchant des mots qui pourraient être justes à la fois pour les bénéficiaires, pour les professionnels, et pour ceux qui pourraient rejoindre ce qui reste un combat.

  • Le vécu du stigmate par les personnes toxicomanes ;
  • la spirale de la désaffiliation dans laquelle elles sont prises ;
  • l’importance du droit pour enrayer le stigmate et retourner le cycle de la désaffiliation.

Et c’est en mobilisant des réseaux suffisamment solides que des lois peuvent s’imposer, dans ce domaine comme dans d’autres.

 

Analyses 2019

parues en extérieurs

 


Analyse n°11
Autonomie associative : quels enjeux dans quels champs ?

Par Jean Blairon

Ouvrage à paraître en 2020

L’analyse est disponible sur demande : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


La FESEFA a sollicité Jean Blairon dans le cadre d’un projet d’ouvrage sur l’autonomie associative. Jean Blairon aborde la question par l’angle de l’analyse institutionnelle.
Le dictionnaire Littré entend par « autonomie » la possibilité de se gouverner librement, par rapport à un pouvoir central : le pouvoir romain avait par exemple accordé cette « liberté » à certaines villes grecques.

Si la question peut être posée à propos de la vie associative, cela impliquerait dans ce contexte qu’un « pouvoir central » lui aurait reconnu une spécificité suffisante que pour lui accorder d’être gouvernée par ses propres lois (ou de façon indépendante, par des instances propres) et ce, au bénéfice des deux parties.

Il n’est pas inutile, dans ce cadre, de rappeler l’héritage du communalisme. Mais cet héritage est aujourd’hui menacé, et pour les associations, il y a donc un enjeu principiel qui consiste à leur garantir une liberté conquise qui leur permet de se gouverner « par leurs propres lois », et non d’être gouvernées par une loi unique, autoritaire, centralisatrice et assimilationniste, et des enjeux pratiques, qui concernent les différentes dimensions de l’héritage en question. Et c’est à travers différent champs qu’il convient d’étudier la question : politique, économique, social.


Analyse n°12
Autonomie et logement dans le secteur de l’aide à la jeunesse -
Les enseignements d’une recherche-action

Par Jacqueline Fastrès

Analyse parue et accessible dans le périodique Reper’AJ, le journal de l’aide à la jeunesse, avril 2019.


Le périodique Repèr’AJ, journal de l’aide à la jeunesse, s’est, dans son n°d’avril, concentré sur la lutte contre la réduction des inégalités. Lutter contre les inégalités, pour un secteur comme celui de l’aide à la jeunesse, c’est aussi être attentif aux moments où les jeunes pris en charge risquent de se heurter de plein fouet à une forme d’inégalité particulièrement cruelle : l’inégalité des chances. Le moment du passage à la majorité peut malheureusement être ce moment où se réinvite brutalement cette forme d’inégalité, combattue jusque là tout au long de la prise en charge. Le délicat moment de la mise en autonomie des jeunes hébergés est donc particulièrement important. Et au centre de la démarche, la question du logement occupe une place de choix.

En 2017, RTA a été sollicité par l’administration pour initier une recherche-action sur le logement et l’autonomie des jeunes dans le secteur de l’aide à la jeunesse ; elle a été menée avec le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté. Ce sont les principaux enseignements de cette recherche que cette analyse aborde. Une série d’épreuves cumulées attend les jeunes, parfois peu perçue pour ce qu’elle est par les professionnels : un risque accru, et brutal, de plongée vers la désaffiliation.

Mais des projets innovants montrent que la souplesse permet de renverser la vapeur.


Analyse n°13
Formation de gouvernements et déception de la politique

Par Christine Mahy et Jean Blairon

Analyse parue et accessible sur le Vif en ligne

Elle est également parue et accessible sur le site du RWLP


Dans notre pays, le vote « à la proportionnelle » implique la plupart du temps la constitution de coalitions qui peuvent être dotées de plus ou moins d’évidence ; certaines ont même été décrites, on s’en souvient, comme « contre-nature ».

Les élections législatives du 26 mai 2019 n’ont pas échappé aux argumentaires dominés par le recours à la figure logique de la disjonction, où les termes de l’opposition sont présentés comme incompatibles : continuer la politique socio-économique menée au fédéral ou la stopper ; prendre en compte ou non l’urgence climatique, etc.

Cependant, cela alimente aujourd’hui la déception ou la défiance envers « la politique », soit en l’occurrence envers l’exercice légitime d’un pouvoir dans une démocratie. Comment prendre du recul par rapport à cette attitude déceptive ?

Il nous a paru pertinent de nous imposer à nous mêmes un recul réflexif, en nous donnant pour tâche d’explorer une question qui pourrait être formulée comme suit : « à quelles conditions, de notre point de vue, la constitution de majorités non homogènes pourrait-elle nous paraître légitime, même si elle intervenait entre des partis que l’on perçoit ou qui se sont perçus comme de farouches adversaires ? »


Analyse n°14
La laïcité est-elle en adéquation avec les préoccupations de toute la population ?

Par Philippe Mahoux et Jean Blairon

Publication dans le 3ème numéro de 2019 de la revue Echos de Picardie, téléchargeable: https://www.picardie-laique.be/publication/echos-de-picardie-la-laicite-hiver-2019/


A l’occasion de la célébration des 50 ans du CAL le 3ème numéro de 2019 de la revue « Echos de Picardie », édité par Picardie laïque, a sollicité plusieurs auteurs pour traiter certains angles de la thématique. Jean Blairon et Philippe Mahoux ont eu à répondre à la question : « la laïcité est-elle en adéquation avec les préoccupations de toute la population ? ».

Les auteurs ancrent leurs propos dans la laïcité telle qu’elle peut être vécue en tant qu’exigence choisie, auto-imposée. Cette exigence se décline en actions propres à soutenir

  • un principe de liberté : de dire, d’agir, de penser, de vivre sa vie, de ne pas être assujetti ;
  • un principe d’égalité, qui invite notamment à réduire les discriminations de toutes natures, et singulièrement aujourd’hui en matière de réalisation de soi ;
  • un principe fondamental de solidarité, qui s’incarne dans des structures (de sécurité sociale ; de redistribution par l’impôt), mais invite aussi à prendre des initiatives et à adopter des postures individuelles et collectives en dehors desquelles la poursuite de l’intérêt général paraît un vain mot.

Mais il faut aussitôt ajouter, s’agissant de laïcité vécue, que l’articulation ou parfois la synthèse entre ces principes n’est jamais ni simple ni évidente.

 


 * * * 

 

Chapitre II

Nos services

 


Service n°1 - RWLP
Réalisation d’un service au profit de l’association RWLP, reconnue en EP : mettre à l’agenda politique la question de la lutte contre la pauvreté

Ci-dessous les enseignements généraux de cette réalisation.


Rapport
La place de la lutte contre la pauvreté
dans les programmes des partis
(dans le contexte des élections de 2019)

 

Les produits

1. La présentation de la thématique de la lutte contre la pauvreté en tant que telle

Même si les chiffres sont alarmants (quelque 17 % de la population sont soumis au risque de pauvreté) et n’ont pas tendance à s’améliorer, il reste que faire de la lutte contre la pauvreté un point politique prioritaire n’est pas acquis.

En Région wallonne, un premier plan de lutte contre la pauvreté a été défini et placé sous la responsabilité du Ministre-Président ; sa continuation n’est pas garantie : le Ministre-Président W. Borsus n’a pas pris une décision de prolongation jusqu’à la fin de 2019 ; il n’a engagé son gouvernement que jusque fin octobre.

En Fédération Wallonie Bruxelles, un plan similaire est seulement en voie de conception.

Au niveau de la population elle-même, la tendance à la fragmentation sociale peut produire une logique de concurrence entre groupe sociaux (par exemple entre travailleurs et personnes pour qui le droit au travail n’est pas respecté ; entre travailleurs pauvres et allocataires sociaux, etc.) plutôt que la revendication d’une politique solidaire.

Le vécu des personnes confrontées à la pauvreté ou au risque de désaffiliation sociale est par ailleurs largement méconnu (ou occulté). Comme le dit C. Mahy, être confronté au trop peu de tout pendant une durée longue produit des transformations profondes qui ne sont que très rarement prises en compte dans les politiques sociales, économiques et culturelles.

Par rapport à ces enjeux, les militants ont choisi de mettre l’accent sur la lutte et les victoires possibles. Ils ont donc choisi le genre « fiction » (voire « science-fiction ») en se portant en 2040, où la pauvreté aurait été éradiquée.

La vidéo évoque les difficultés que les personnes vivaient en 2020 et la fin de la pauvreté en 2040, au travers du témoignage d’une famille réunissant trois générations. Sont évoquées relativement à 2020 (et comme si les personnes vivant en 2040 n’avaient pas pu connaître ces temps) les difficultés qu’elles rencontraient pour se loger, les mois difficiles où personnes ne mangeaient plus que des pâtes dès la moitié du mois, les contrôles sociaux incessants et répétitifs, le coût de l’enseignement (les excursions scolaires onéreuses), les difficultés des familles monoparentales (le coût pour une place dans une crèche), le statut de cohabitant qui diminuait les revenus sociaux lorsque deux personnes décidaient de vivre ensemble… Face à toutes ces difficultés de vie, des témoins du vécu, des militants, des syndicats se sont battus et ils sont parvenus à faire changer la direction du gouvernement et à améliorer leurs conditions de vie. Mais il reste important de continuer à lutter et de rester vigilants afin d’éviter des retours en arrière.

La vidéo a été diffusée par la TV locale TVLux et mis en ligne 

Elle est consultable

 

2. La diffusion du « Debatorium »

Le débat politique avant les élections a été organisé le 7 mai 2019 à Namur, « les partis politiques cuisinés par les appauvri.e.s, exploité.e.s, exclu.e.s, discriminé.e.s. Pour une transition de la gestion à l’éradication de la pauvreté ».

Pour chacune des six grandes familles politiques, un représentant politique (PS : Ph. Courard, MR : A. Barzin, CDH : B. Drèze , écolo : M. Gerkens, PTB : G. Mugemangango, Défi : J. Martin) était présent pour défendre la position de son parti sur plusieurs thématiques : le logement, l’enseignement (la gratuité scolaire FWB), le revenu (le revenu au seuil de pauvreté, la suppression du statut de cohabitant), la Sécurité Sociale (la suppression des mesures qui excluent), la fiscalité (l’endettement) et de s’engager à respecter leurs engagements à la suite des élections régionales et fédérales 2019.

Ce débat préélectoral était animé par la Secrétaire générale du RWLP et a rassemblé plus de 500 participants très diversifiés : des travailleurs sociaux et culturels, des représentants de la magistrature, des responsables administratifs et politiques, des représentants syndicaux, des citoyens, dont des gilets jaunes, ostensiblement présents (ce qui montre que l’organisation a fait mouche à ce point de vue).

Cette affluence a étonné les représentants des partis ; il s’agissait pour plus d’un du plus grand rassemblement de cette campagne électorale.

Le débat tranchait totalement avec le genre habituel. Une scénographie audacieuse a mis les représentants de partis en situation inconfortable (par exemple un limiteur d’eau était posé pour chacun, qui voyait son verre d’eau ne se remplir que goutte à goutte ; cette démonstration valait bien des discours).

416 personnes se sont engagées dans l’événement « causes » sur facebook. La vidéo du 7 mai a été publiée dans le fil d’actualité facebook de plus de 4200 personnes et republiée par les auditeurs plus de 70 fois. Mais l’ensemble de annonces, des « Panneaux » typiques de facebook, des présentations du programme, etc., comptabilise plus de 270 partages effectifs.

Notons en outre le relais par la DH.e avant l’événement et la publication d’un article par le journal De Standaard.

 

La rédaction participative

C’est elle qui a conçu cette mobilisation et les relais vidéo qui la renforcent. Pour rappel, elle réunit des témoins du vécu et des militants du RWLP, des animatrices de cette association et des représentants de l’équipe de RTA.

On peut considérer la tenue d’une telle rédaction comme un exercice de démocratie culturelle telle que définie par M.&nbspHicter : « la culture par chacun et avec chacun pour le développement de tous ». On se souviendra que M. Hicter définissait la télévision comme un « drame permanent »1 et qu’il en appelait à la définition des programmes par la population elle-même.

Mais pratiquer la démocratie culturelle ne va pas de soi. Cet exercice implique un dialogue dans un contexte de choc de représentations.

Du côté des professionnels (dont les animateurs de notre association font partie), la référence au champ médiatique est permanente ; ils peuvent avoir du mal à se démarquer de ce qui s’y fait et ne s’y fait pas (ou ne se fait plus). Une fierté professionnelle compréhensible s’exprime dans une recherche de qualité notamment technique ; nous sommes très loin de l’affirmation de F. Guattari qui disait, à propos du mouvement des radios libres en 1970 (dont RTA a fait partie, que l’auditeur pouvait comprendre, à partir de défauts techniques ou d’animation, qu’il s’agissait d’une expérience de liberté (par rapport aux canons mêmes des médias dominants).

Les témoins du vécu et les militants se réfèrent eux aussi aux productions du champ, mais par rapport à leurs goûts qui ne sont pas d’office ceux des professionnels ; est présente aussi dans de nombreux cas le vécus des expériences difficiles avec les médias officiels : on s’est fait piéger, on a été instrumentalisé, on s’est estimé non reconnu.

Le dialogue entre les groupes mobilise donc une double ambivalence :

pour les professionnels, un souci de l’alternative, mais référé aux standards de qualité des médias dominants ; pour les militants, des goûts en partie formatés par les médias dominants et une méfiance par rapport à leur fonctionnement.

On voit immédiatement que cette double ambivalence peut susciter bien des malentendus.

Une grande attention doit être portée à ce que le « faisable techniquement » (en référence notamment à une charge de travail pour le prestataire) ne soit pas le critère qui s’impose subrepticement comme dominant.

En ce qui concerne l’association prestataire, le concept de « double commanditaire » cher à Marcel Hicter doit être de mise : le professionnel est commandité par un Etat qui lui confie des missions d’éducation permanente ; il est cependant dès lors au service d'un groupe et de ses actions.

Nous retenons dès lors à l’avenir comme point discriminant cette analyse : où et quand y a-t-il eu acceptation d’une inflexion par le groupe professionnel et adaptation conséquente de sa manière de procéder ?

Un exemple concret pour cette réalisation : la stratégie d’action du RWLP reposait sur une priorisation : la visée première consistait à réunir un public aussi large que possible pour que les représentants des partis ressentent la pression populaire. Un auditoire très vaste avait été réservé. Annoncer la diffusion en « live » du débat pouvait entrer en contradiction avec cette priorité stratégique, ce qui pouvait donner l’impression à l’équipe professionnelle que son travail était vraiment secondaire.

L’annonce du débat a donc été centrée sur la soirée elle-même et a fait plutôt l’impasse sur la diffusion vidéo en temps réel.

Heureusement, la très large utilisation de la captation après le jour du débat a permis le ressenti d’une réussite pour les deux partenaires, chacun dans son domaine. S’il n’en avait pas été ainsi, comment les professionnels auraient-ils réagi, notamment en regard de leur double commanditaire : réussir la commande du groupe aurait pu aller à l’encontre de la commande publique (qui espère une large diffusion des réalisations subventionnées)…

 

La caution

Tant les animateurs professionnels que les militants ont pleinement conscience de la cruelle insuffisance des médias traditionnels en termes de participation comme en termes de réelle prise en compte des réalités sociales autres que celles des classes supérieures.

Il reste que le passage à l’antenne officielle reste la caution suprême (via une diffusion par exemple, comme cela a été le cas par Tvlux pour la présentation de la problématique générale). Roland Barthes disait que « la littérature, c’est ce qui s’enseigne », insistant par là sur le rôle des institutions officielles de diffusion. Force est de constater que les médias dominants monopolisent toujours le rôle d’instance de légitimation officielle : pour beaucoup, la valeur d’une réalisation reste corrélée à la présence sur les ondes officielles.

Les médias que l’on présente comme alternatifs (comme les réseaux numériques dits sociaux) ne jouent pas encore un rôle équivalent à celui du « Salon des Refusés », qui a assuré la victoire des impressionnistes contre les peintres académiques exposés au « Salon » - « nom donné à l’exposition annuelle des œuvres agréées par l’Académie des Beaux-Arts. L’exposition, qui présentait l’art officiel, se déroulait à Paris depuis le XVIIIème siècle et perdura jusqu’en 1881. »2

Il y a là une autre ambivalence dont nous avons à tenir compte en permanence, même si en réalité le tableau doit être considéré comme bien plus complexe : la tenue du Debatorium n’a pas échappé aux journalistes politiques et C. Mahy a été invitée à plusieurs plateaux de télévision pendant et après la campagne.

L’évaluation d’une réalisation ne peut donc se faire correctement si on s’en tient au seul parcours de celle-ci : elle doit sans doute concerner l’ensemble de la stratégie dans laquelle elle s’inscrit.

Notes

1-M. Hicter, Pour une démocratie culturelle, Publication de Direction générale de la jeunesse et des loisirs du Minsitère de la Communauté française et de la Fondation Marcel Hicter pour la Démocratie culturelle, 1980, pp. 334 et 329.

2-P. Bourdieu, Manet, une révolution symbolique, Paris, Raisons d’agir/Seuil, 2013, p. 17.

 

 


Service n°2 - RWLP
Réalisation d’un service au profit de l’association RWLP, reconnue en EP : les revendications du RWLP en matière de revenus

Ci-dessous les enseignements généraux de cette réalisation.


Rapport
Les revendications du RWLP
en matière de revenus

 

Les produits

Le service s’est décliné en six réalisations ; trois d’entre elles touchent à la non individualisation des droits sociaux, qui a des conséquences évidentes en termes de perte d’allocations ; trois autres concernent les revenus du travail, et principalement les problèmes qui sont liés aux temps partiels contraints.

Les réalisations sont protégées par un mot de passe, dans la mesure où elles constituent des outils d’animation (qui doivent donc être proposés aux groupes animés en « première diffusion »).

 

Les trois réalisations qui concernent la non individualisation des droits sociaux

 

Portrait 1 - Vanessa et Didier
Le prix de l'amour payé par un couple

https://vimeo.com/335404041
(2:47)

Vanessa et Didier se sont rencontrés au Mouvement « Personnes d’abord », une association qui lutte pour l’autonomie des personnes présentant une déficience intellectuelle. Aujourd’hui, ils vivent ensemble sous le même toit. Pour y arriver, ils ont dû se battre et faire des choix. En devenant cohabitant, Didier a ainsi perdu une partie de ses allocations, ce qui ne favorise évidemment pas l’installation et la vie quotidienne du couple.

Portrait 2 – Ludwig
Solidarité paralysée
Le passage de la rue à un habitat solidaire empêché par le statut cohabitant

https://vimeo.com/335403715
(3:39)

Ludwig explique comment, à cause du statut de cohabitant, il lui est impossible de sortir de la rue !

Après 10 années passées en rue, Ludwig s'est vu proposer un projet de cohabitation dans un habitat solidaire. La réalisation de ce projet s’est en fait révélée impossible financièrement car il aurait alors perdu son statut d'isolé et n’aurait pas eu assez de revenus pour vivre.

Témoignage NoSelfie – Statut de cohabitant
Témoignage de G. 57 ans : « Vivre avec quelqu’un est sanctionné »

https://vimeo.com/381134264
(2:10)

Le jour où son fils a eu 18 ans, le passage au statut de cohabitant a entraîné une série d'impacts négatifs en cascade pour G. et son fils (perte de revenus, problèmes de logement et de travail...).

 

Les trois réalisations qui sont relatives au travail à temps partiel contraint

 

NoSelfie - Temps partiel dans le secteur Horeca
https://vimeo.com/346362766
(1:45)

Comme dans la capsule précédente, la forme « No Selfie » a été choisie pour protéger l’anonymat du témoin. Elle témoigne aussi visuellement de l’obstacle infranchissable qui frappe cette personne (elle est « dans le mur »).

O. 34 ans vit une situation où elle travaille 50 heures par semaine mais dont seulement 13 sont déclarées. Elle explique les conséquences de cette situation sur sa vie : difficultés énormes pour voir son enfant ; dépendance extrême par rapport à son employeur (qui la « tient ») ; pas de salaire différé ni de protection santé effective.

NoSelfie - Temps partiel dans le secteur du nettoyage
https://vimeo.com/346362550
(1:42)

Témoignage de M. 46 ans : « Un temps plein dans le secteur du nettoyage. Il faut se battre... » M. témoigne de sa volonté de travailler à temps plein et des obstacles qui sont mis à cette extension.

Témoignage face caméra - Temps partiel, prioritaire temps plein
https://vimeo.com/342258821
(2:48)

Témoignage de Régine Cheyrels, Comité Transparencia Verviers.

Régine Cheyrels rappelle le cadre légal qui oblige l’employeur à proposer prioritairement au travailleur à temps partiel qualifié une extension de son contrat en cas de recrutement dans la même fonction. Elle explique que cette loi n’est pas suffisamment connue et, a fortiori, appliquée, alors même que des sanctions sont prévues dans ce cas de figure.

La rédaction participative

La rédaction participative mobilise conjointement l’équipe qui réalise le service et l’association militante3. Elle s’est réunie par rapport à cette réalisation de service les 19/2 et le 12/3.

Les lignes directrices décidées avaient été les suivantes : présenter des situations concrètes illustrant la problématique ; présenter une diversité de situations.

Le caractère délicat de certaines situations (fonctionnements pas toujours compatibles avec la légalité, notamment dans le chef des employeurs) nous a poussés à mobiliser des formes différentes que le portrait ou l’interview.

La diversité des situations peut être référée à l’analyse de Robert Castel4, qui distingue un axe de l’intégration, relatif au travail, où des situations sont échelonnées suivant qu’elles sont favorables (CDI temps plein correctement rémunéré), peu favorables (c’est le cas du temps partiel contraint ou du travail non déclaré) ou carrément défavorables (revenus de remplacement conditionnés ou diminués). Castel définit aussi un axe de l’insertion, qui concerne, dans les situations favorables, la présence de supports socio-familiaux ; dans les situations moins favorables, une pression sur les liens sociaux existants ; dans les situations défavorables, une confrontation à l’isolement voire à la stigmatisation.

Nous avons montré dans plusieurs analyses ou études5 que ces deux axes interféraient en permanence et se co-produisaient en quelque sorte : les témoignages le montrent à souhait, notamment la confrontation entre un désir de vie sociale (familiale ou solidaire) et la question des revenus (il faut accepter une perte de revenus pour pouvoir vivre ensemble ; on peut être empêché de sortir de la rue par les conséquences financières du statut de « co-habitant » ; le vécu familial peut être fortement compromis par la position difficile sur l’axe de l’intégration, etc.).

Il reste à éprouver si cette diversité est suffisante en elle-même pour soutenir des animations elles aussi diversifiées selon les groupes auxquels elles s’adressent. Les six réalisations relèvent en effet au fond de deux catégories (faiblesse des revenus du travail ; faiblesse des allocations), qui ne couvrent pas l’ensemble du champ décrit par Castel : les situations très défavorables sur l’axe de l’intégration (privation complète de revenus) et sur l’axe de l’insertion (stigmatisation) ne sont pas réellement présentes.

Une évaluation des premières utilisations du matériel dans des animations variées devra donc être réalisée en 2020.

Une question de droits du sujet ?

Les personnes qui ont accepté de participer à ces réalisations ont été choisies et mobilisées par le RWLP.

Il est frappant de constater qu’aucune de celles-ci ne s’identifie au statut de victime ni ne s’exprime en tant que telle. Nous parlerions mieux de ces situations si nous considérions que les personnes concernées se vivent comme des sujets partiellement empêchés de se réaliser.

Une conséquence se déduit immédiatement : la question du revenu ne se réduit nullement à une problématique économique, mais pas non plus à l’interaction entre une dynamique économique et une dynamique sociale. Si cette interaction éclaire effectivement les situations vécues par les personnes interrogées, il faut prendre en compte le fait que l’analyse que ces personnes font de leur trajectoire montre que ce qui les guide, c’est la possibilité empêchée de se créer comme elles le souhaitent.

Nous retrouvons là les accents qu’Alain Touraine met sans cesse en avant : notre société se caractérise par l’importance majeure qu’y occupe la possibilité ou non de se vivre comme créateur de son existence (« le droit d’être soi, le droit d’avoir des droits »)6. Le leitmotiv du RWLP créé par ses militants « le droit à l’aisance » pointe clairement dans cette direction.

Il sera cependant intéressant de revenir avec notre partenaire sur la réception de ces témoignages : n’y a-t-il pas le risque que cette affirmation de la volonté d’être un sujet de son existence malgré tout ne soit pas « retournée » par certains avec un parfait cynisme : « puisque c’est leur choix (de rester dans la rue, de perdre des allocations...), où est le problème ? ». Et de voir si la réponse en termes de droits (non seulement le droit d’être soi, mais aussi le droit d’avoir des droits) permet d’éviter ce biais interprétatif.

Notes

3-Cf. notre explication dans le rapport de réalisation du service relatif aux revendications du RWLP par rapport aux élections 2019, https://www.intermag.be/annee-2019#Ch2

4-Cf. par exemple notre « Carnet de l’aide à la jeunesse » https://www.intermag.be/robert-castel-la-desaffilitaion-un-concept-pertinent-pour-les-politiques-jeunesse, qui présente une intervention de R. Castel et l’analyse complémentaire de J. Fastrès et E. Servais « Des jeunes désaffiliés ? », https://www.intermag.be/analyse-complementaire

5-Et notamment J. Blairon et C. Mahy (dir.), Politiques sociales et violence symbolique, La situation de « NEET », Louvain-la-Neuve, Academia/L’Harmattan, 2017. Cf. https://www.intermag.be/analyses/444-qu-ont-a-nous-apprendre-les-neets