Si la lutte contre le dérochage scolaire est une volonté affirmée des pouvoirs publics, la manière de la conduire reste une entreprise d’importance. Au centre de cette réalité: l’obligation scolaire et son non respect.
L’odyssée institutionnelle d’un service d’accrochage scolaire
Suite à la demande d’un Service d’Accrochage Scolaire (SAS) de travailler sur ce qui en (a) fait leur l’essence – leurs adaptations, leurs choix institutionnels, leurs réponses au terrain, leur histoire–, RTA a recueilli la parole des travailleurs, tous anciens travailleurs sauf la co-direction.
La présente étude souhaite faire écho à ce que les travailleurs ont dit de leur travail et de ses particularités, nous amenant par là à questionner beaucoup plus largement les paradigmes dans lesquels la société tente de lire la délicate question du décrochage scolaire.
Le 6 septembre 2023, le Service de prévention de la division de Dinant a organisé une journée d’échanges à propos d’actions de prévention portant sur la question de la transition minorité-majorité : des récits d’expérience, mais aussi des stands présentant une série d’expérimentations ou d’initiatives (comme celles prises par le Ministre du logement wallon, Christophe Collignon) étaient proposés aux participants au Centre Culturel Marcel Hicter (La Marlagne).
Le 2 décembre 2022, la CSC enseignement a organisé à Namur une conférence/débat sur les pressions à l’école fondamentale.
En 2018, le législateur a adopté un Code de la prévention, de l’aide et de la protection de la jeunesse. En matière d’aide et de protection, les articles 24 et 41 chargent les Conseillers et Directeurs de l’aide à la jeunesse d’établir un "projet pour l’enfant" (PPE).
La crise sanitaire a produit une dégradation de la santé mentale des personnes précarisées ; c’est au départ de ce constat que le RHESEAU (Réseau Hennuyer pour l’Épanouissement et la Santé mentale des Enfants, Adolescents et Usagers assimilés) s’est adressé au RWLP pour réaliser une analyse de la situation qui s’appuie sur la participation des premiers concernés. RTA s’est vu solliciter dans ce cadre pour réaliser, en collaboration avec le Projet Educatif Particulier en aide à la jeunesse du RWLP, le recueil des témoignages et pour procéder à une analyse de leurs analyses.
La déclaration de politique communautaire (DPC) 2019-2024 décline une priorité en faveur des jeunes dits « incasables », en évoquant différentes pistes de solutions renforçant des dispositifs existants. Force est de reconnaître que ces jeunes pâtissent souvent d’une organisation bureaucratique de l’aide qui leur est apportée, se déclinant trop souvent en « cases » dans lesquelles, plus ils sont en difficulté(s), plus ils ont du mal à se faire accepter, leurs besoins spécifiques et multiples ne trouvant de réponse finalement ni partout, ni nulle part. De fil en aiguille, ils finissent par être considérés comme les « inadaptés » d’un système qui peine à s’adapter à la réalité, jusqu’à produire, même à son corps défendant, des violences institutionnelles.
Pour autant, rien n’est-il possible ?
Le Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse qui est entré en vigueur en 2019 renforce les droits reconnus aux jeunes et à leurs parents. C’est une avancée, dans la droite ligne de la CIDE et de la montée en puissance des droits culturels, et on ne peut que s’en réjouir.
Plusieurs mesures sont concernées par ces évolutions. L’une d’entre elle est l’abaissement à 12 ans de l’âge à partir duquel l’enfant, assisté par un avocat, doit donner son accord au programme d’aide qui lui est proposé. On reconnaît par là à l’enfant un statut de sujet. Toutefois, à l’instar de Michel Wieviorka, ne faudrait-il pas mieux le considérer comme un « sujet incomplet », soit un sujet qui n’a pas en main les mêmes cartes qu’un adulte ?
La mise en œuvre de ces nouvelles mesures, pour qu’elles soient émancipatoires, demande en tout cas une grande vigilance, notamment par rapport à la question de l’accord donné par un jeune à une mesure qui le concerne : la question du consentement ne se réduit pas d’office, en effet, à un échange argumentatif et ne s’inscrit pas immanquablement dans le processus de décision collégiale qui est réputé se produire.
Le récent ouvrage de Vanessa Springora, justement nommé Le consentement, nous donne matière à réflexion.
Cette analyse a été réalisée à l’occasion d’un colloque organisé en juin 2019 par l’institut de promotion sociale Lallemand à Bruxelles. Le thème en était « Quel rapport entre la représentation des idéaux professionnels et les enjeux de l’éducation (permanente) ? ».
La fierté professionnelle peut reposer sur plusieurs composantes, qui dépassent la tâche en elle-même et qui incitent le travailleur à se dépasser, à se dépenser. Toutefois, cette fierté peut être aussi détournée par le management, qui impose une concurrence généralisée sur fond d’adhésion contrainte à des valeurs dictées d’en haut, ou elle peut aussi être marquée par l’incertitude ou le doute, dans des professions qui sont socialement peu valorisées. Cela peut être le cas du métier d’éducateur.
En 2017, RTA et le RWLP ont réalisé une recherche-action portant sur la question de l’autonomie des jeunes sortant du secteur de l’aide à la jeunesse au moment de leur majorité et des difficultés qu’ils rencontraient à cette occasion, notamment en matière de logement.
L’administration générale de l’aide à la jeunesse, qui édite le périodique Repèr’AJ à destination du secteur, a souhaité consacrer le numéro d’avril 2019 à la lutte pour la réduction des inégalités. Dans ce cadre, il nous a été demandé de produire une analyse portant sur les enseignements de cette recherche-action.
Le secteur de l’aide à la jeunesse a vu changer son cadre décrétal avec l’adoption du nouveau Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse du 18 janvier 2018. Le Code entre en vigueur en ce début 2019, et les arrêtés d’application sont finalisés ou en bonne voie d’élaboration.
Parmi les changements que le Code apporte figure une nouvelle disposition, affirmée comme un nouveau droit pour l’enfant : le « projet pour l’enfant » (articles 24 et 41 du Code). Il vise à « garantir son développement physique, psychique, affectif, intellectuel et social » et « (...) l’accompagne tout au long de son parcours dans le cadre de l’aide à la jeunesse ou de la protection de la jeunesse ». Il s’agira donc, pour les mandants, de formaliser dans un document spécifique les articulations des actions menées en faveur des jeunes dans le cadre de l’aide négociée ou de l’aide contrainte.
Le CAAJ de Marche-en-Famenne avait, en 2017, opéré avec l’accompagnement de RTA, une démarche d’auto-évaluation autour des violences institutionnelles que peuvent générer, même malgré elles, les institutions du secteur de l’aide à la jeunesse, publiques ou agréées, qui prennent en charge les jeunes en danger ou en difficulté.
Cette démarche a intéressé le secteur de la santé mentale.
Si plusieurs paradigmes se sont succédé au cours du temps pour envisager la question de l’hygiène, ils ne se sont pas construits par hasard. Nous nous attacherons ici à voir sur quels type de rouages sociaux l’hygiène à contribué à jouer, et spécialement à partir du XIXè siècle. L’hygiénisme s’érige alors en doctrine centrale pour la gestion de la cité. Le retour d’épidémies et de la peur qui les accompagne, les progrès scientifiques et les découvertes médicales, le développement industriel sont des éléments qui encouragent son développement.
L’Afsca, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, est chargée de vérifier l’observance des normes d’hygiène dans tous les établissements publics où de la nourriture est servie. C’est le cas, aussi, dans les services de l’aide à la jeunesse qui hébergent des mineurs en danger (les SAAE), qui sont souvent de petites structures, à dimension familiale.
Frédérique Van Leuven est psychiatre et collabore avec RTA dans le cadre de l’aide à la jeunesse. Son analyse balise ce qui permet la construction de l’autonomie dès le plus jeune âge. Elle définit d’abord ce qu’est l’autonomie et relève les paradoxes qui entourent l’abus de l’usage de ce concept dans diverses facettes de la vie, et spécialement pour les plus faibles. Fortement valorisée dans nos sociétés, l’autonomie est généralement considérée comme le contraire de la dépendance, ce qui est une erreur de point de vue.
Cette analyse constitue le prolongement d’une recherche-action menée conjointement par RTA et le RWLP (lire en (pdf)) à la demande de l’administration générale de l’aide à la jeunesse, « Autonomie et logement des jeunes dans le secteur de l’aide à la jeunesse ».
Le 17 octobre 2018, à l’occasion de la journée mondiale de lutte conte la pauvreté, un séminaire a été organisé, où se sont rencontrés des acteurs de l’aide à la jeunesse et des CPAS, sous la houlette de Liliane Baudart, Administratrice générale de l’aide à la jeunesse, et d’Alain Vaessen, Directeur général de la Fédération des CPAS. L’objectif était d’examiner conjointement les principes efficients permettant de rendre possible une autonomie aussi effective que possible des jeunes qui sortent des institutions de l’aide à la jeunesse et se retrouvent, à 18 ans et souvent sans guère de supports, à devoir affronter la vie d’adulte.
Goffman, sociologue de l’interaction en face à face, s’est attaché à montrer comment la vie sociale s’articulait autour de la notion de territoire et de ses vicissitudes. Nous sommes tous des interactants ayant droit à des réserves territoriales que nous nous attachons à défendre et à protéger, tout en respectant celles des autres, et c’est cette double attitude que permet toute une « grammaire » territoriale, garante d’interactions fluides et évitant les conflits.
Dans cette seconde analyse, nous amènerons un point de vue plus méso : en montant au niveau des groupes (et non plus des individus), nous tenterons un travail sur les représentations de la question de l’hygiène, représentations qui ne sont évidement pas sans effet sur la relation interpersonnelle puisqu’elles la colorent fortement.
Nous sommes tous influencés par le milieu dans lequel nous vivons, et nous finissons par voir le monde à travers des « lunettes » que nous n’identifions même plus tant nous les avons incorporées.
Dans cette troisième analyse, nous adopterons une approche plus globale, en tentant de voir quels éléments plus sociétaux s’immiscent dans la question de l’hygiène, et dont la compréhension peut permettre d’en relativiser la signification. En d’autres termes, dans quels paradigmes l’hygiène est-elle pensée, vécue, incorporée aux habitudes, à tel point que nous n’en avons même plus conscience ?
Cette analyse est issue d’une intervention de Jean Blairon dans les travaux de l’université d’été du Setca-SEL, en juillet 2018. Les travaux portaient sur l’état d’avancement du pacte d’excellence et sur les questions qu’il pose. Celles-ci avaient été instruites par Pierre Waaub et analysées dans son texte « Pilotage, contractualisation, évaluation, sanction ». Ce document servait de base aux travaux, en référence à l’avis n°3 du groupe central, qui est ici le matériau analysé par Jean Blairon.
Les 3 services d'accrochage scolaire de Bruxelles (Seuil, SAS Bruxelles-Midi, Parenthèses) se sont associés dans un projet de prévention générale (2015-2017) à destination des parents de jeunes en décrochage. En effet, si les jeunes sont au centre des projets des SAS, il paraissait important de laisser une place aussi à leurs parents. Entre autres initiatives pour mieux les prendre en compte, une facette de ce projet de prévention générale a consisté à mettre sur pied des groupes de parole à destination de parents de jeunes en situation de décrochage scolaire.
L'établissement « Cours pour éducateurs en fonction » organisé par l’asbl CPSE est une école de Promotion sociale subsidiée par la Fédération Wallonie-Bruxelles et installée à Grivegnée.
L'association a entrepris une réflexion collective et participative sur son programme de formation ; dans ce cadre, elle a organisé le 5 mai 2017 une journée de réflexion sur « l'évolution du métier d'éducateur » à laquelle participaient ses étudiants et professeurs ainsi que des éducateurs en fonction dans différents secteurs.
Dans notre newsletter d’avril 2017, nous présentions une première étude abordant la question de l'évaluation d'une pratique éducative comme celle qui consiste à tenter de « réaccrocher » un jeune à l'expérience scolaire et à l'exercice de son droit à l'instruction. Résultat d’un long travail de réflexion et d’analyse avec un groupe de SAS (services d’accrochage scolaire), cette étude proposait une analyse critique de ce qu’est un processus d’évaluation, en l’illustrant par un exemple à travers le travail réalisé avec les parents de jeunes décrocheurs/décrochés.
Cette seconde étude se propose d’aller plus avant tout en montant en généralité et en réflexivité critique, avec trois approches étayées par des questions de terrain.
Se dire qu’on peut générer des violences institutionnelles alors qu’on a pour métier la bienveillance et l’écoute n’est pas chose aisée, et la démarche de chercher à prévenir ces violences est difficile autant que courageuse. Neuf services de la Division de Marche (services publics et agréés, œuvrant dans le milieu de vie ou en hébergement, mandatés ou non) ont décidé de tenter l’exercice.
Comment les bénéficiaires qualifient-t-il a posteriori les moments de friction qu’ils ont pu vivre avec des services de l’aide à la jeunesse en charge de leur dossier ? Quelles sont les raisons qui ont fait que cela a grippé, coincé, dérapé, explosé ? Quels effets cela a-t-il eu dans leur parcours ? Qu’est-ce qui les a fait sortir de leurs gonds, les a désemparés, les a enfoncés un peu plus ? Au départ des interviews de dix bénéficiaires, nous avons constitué une trame d’auto-analyse pour les services souhaitant se prémunir de potentielles violences institutionnelles.
Le CAAJ de Marche-en-Famenne a entamé en 2016 une courageuse démarche d’introspection professionnelle : il s’agissait que des services œuvrant dans le cadre du décret de l’aide à la jeunesse se questionnent, sur base volontaire, à propos des éventuelles violences institutionnelles qu’ils pouvaient générer auprès des bénéficiaires, même de manière non voulue. L’objectif était de prendre toutes mesures utiles pour éviter ces violences institutionnelles.
Une telle auto-analyse est particulièrement importante pour le secteur de l'aide à la jeunesse qui, dans les missions de prévention qu'il se définit, entend lutter contre ces types de violences peu visibles, « qui échappent aux regards et aux sanctions », pour reprendre ces termes de Pierre Bourdieu, et qui sont notamment présentes dans les interactions sociales.
RTA a été sollicité pour accompagner cette démarche. La méthodologie adoptée s’est articulée autour de deux étapes bien distinctes, l’une avec des bénéficiaires, l’autre avec des professionnels.
C’est donc à une démarche « en miroir » que nous vous convions ici.
Le travail de recherche dont rend compte cette étude s'est déroulé d'octobre 2014 à décembre 2016, à raison d'une journée de travail par mois (hormis juillet et août).
Il a mobilisé des directrices et directeurs de SAS (Services d'accrochage scolaire), soit des associations extérieures aux établissements scolaires et qui disposent d'un double agrément : par le Ministère de l'Education et par le Ministère de l'Aide à la jeunesse.
Le souhait était de construire de manière collective un dispositif d'évaluation de leurs pratiques.
Le 21 décembre 2016, la Fédération des Institutions de Prévention Educative (FIPE), regroupant, dans le secteur de l'aide à la jeunesse, des services d'aide en milieu ouvert, a souhaité mettre en débat un des éléments de la réforme du Décret de 1991 promue par le Ministre Rachid Madrane : l'extension des actions de prévention spécialisée à un nouveau groupe de jeunes : les 20-25 ans. Jusqu'ici, en effet, l'âge éligible était de 18 ans, parfois de 20, sous certaines conditions.
La thématique est controversée et la FIPE avait souhaité faire entendre les arguments des uns et des autres.
Le 10 juin 2017, les CEMEA fêtaient leur 70 ans. A cette occasion, invité à intervenir, Jean Blairon a choisi de partir de l’ouvrage de Roland Gori Un monde sans esprit, la fabrique des terrorismes pour pointer deux questions dont la résolution au moins partielle et provisoire paraît essentielle pour l'action en général et l'éducation populaire en particulier.
La FiCEMEA (Fédération Internationale des CEMEA) se présente comme un réseau qui articule le collectif, la pluralité et les alternatives : « La force de notre réseau est de pouvoir réfléchir ensemble et mettre en action, dans la pluralité de nos univers, d’autres systèmes éducatifs et donc d’autres modèles de société ».