Pourquoi, parfois, - souvent -, les familles en situation de pauvreté rencontrent-elle tellement de difficultés dans leurs « rendez-vous » avec divers professionnels socio-éducatifs ? Cette étude est le fruit d’un travail réflexif mené par le RWLP et RTA, en vue de mettre au jour les éléments déterminants dans la réussite ou l’échec de ces rendez-vous, qui sont toujours des « premières fois » puisque c’est le genre d’épreuve toujours à recommencer, jamais réussie « une fois pour toute », en particulier quand on est en situation de pauvreté. Le cadre choisi pour commencer « une bonne fois » a été l’enseignement fondamental. En effet, la relation familles-école est un fondamental qui marque durablement la vie des parents comme des enfants – eux-mêmes futurs parents. Alors, comment faire pour que cela marche ?
Le groupe de travail formé de travailleurs du RWLP et de RTA a décidé de partir de l’exploration menée par une école à encadrement différencié d’un quartier populaire de Liège. Pendant 18 mois, sur deux années scolaires successives, RTA a planté ses caméras lors de moments où l’école tente d’associer les familles à ses activités et où les familles tentent de se sentir chez elle dans l’école. L’objectif n’était que de fournir à l’école elle-même et aux parents des traces visuelles de ce tissage de liens. Traces de ce qui était fait, filigrane de ce qui était cherché, ces captations ont servi de prétexte et de support aussi pour analyser ce qui se passaient derrière les images, qui pouvaient être d’Epinal malgré elles. Et très vite, ce qui a fait évidence, c’est que cette école tentait des « agencements ». C’est le considérable travail de Gilles Deleuze et Félix Guattari sur les « agencements » qui servira donc de fil d’Ariane à cette étude.