Depuis 2020, l’âge de la scolarité obligatoire est passée, en Fédération Wallonie-Bruxelles, de 6 à 5 ans. La DPC prévoit de ramener cet âge à 3 ans. L’école maternelle, déjà bien fréquentée actuellement, devrait donc passer dans le registre de l’obligation. C’est déjà le cas en France. Si on doit se souvenir que l’esprit de la loi de l’obligation scolaire est d’empêcher qu’aucun enfant ne puisse être privé d’instruction, ce qui signifie que tout enfant est sous protection d’empêchement, la mise en œuvre de cette protection ne va pas de soi dans tous les cas. L’obligation d’inscription incombe aux parents ou aux représentants légaux. A défaut de s’y conformer, ceux-ci s’exposent à des sanctions.
Les travaux de Bernard Lahire et de son équipe, en France, juste avant l’entrée en vigueur de la loi d’obligation à 3 ans, sont édifiants pour comprendre les enjeux de la scolarisation précoce. Son ouvrage « Enfances de classe », basé sur une recherche auprès d’enfants de 5 à 6 ans en grande section de maternelle (équivalent de la 3è) et de leurs familles, montre en effet à quel point, dès la maternelle, les enfants sont déjà promis, selon leur origine et la position sociale de leurs parents, à une « vie augmentée » ou à une « vie diminuée ».
Pour certaines familles, dont la vie est diminuée, il faudrait se poser la question de la non inscription de leurs enfants à l’école non comme une infraction volontaire, mais comme un non recours aux droits.