RTA - Newsletter Intermag 2018 / 16
Vers une lumpen-alimentation ?
L’aide alimentaire, une installation qui pose questionPar Christine Mahy et Jean Blairon L’accès à la possibilité de s’alimenter n’est désormais plus garanti pour une partie de la population de nos pays pourtant riches. Mais quelle réponse politique ce problème reçoit-il ? De plus en plus, ce sont des circuits parallèles qui prennent le pas sur une réponse structurelle. Alimentés par les surplus divers (de la grande distribution, de l’agriculture, de l’Europe, etc.), ces circuits, parés des vertus de la bonne intention et de la lutte contre le gaspillage, constituent ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’aide alimentaire ». Ils deviennent de plus en plus synonymes de normalité ; en d’autres termes, ils « s’installent » comme non seulement acceptables, mais légitimes, actant le renoncement croissant à régler le problème de manière structurelle. Aide alimentaire et systèmes de justificationPar Jean Blairon Jean Blairon analyse ici les systèmes de justification avancés dans les émissions, très médiatisées chaque hiver, pour expliquer l’installation de l’aide alimentaire. Une étude de cas à propos des arguments charriés dans les chansons des Enfoirés montre trois systèmes de justification entremêlés et qui se renforcent mutuellement. Ces justifications mettent au centre l’inefficacité présumée des politiques structurelles comme allant de soi et y opposent l’impact d’une action (la leur) qui « au moins » fait quelque chose l’hiver. Elles ne remettent pas en cause les inégalités puisque les Enfoirés s’affairent à les atténuer. Elles n’hésitent pas non plus à manier le paradoxe de l’aide alimentaire en quelque sorte « contrainte ». |
Décembre 2018 1, Rue des Rèlîs Namurwès |