Nos productions 2021

en éducation permanente

 

Chapitre I - analyses et études

Chapitre II - service

 

 

Chapitre I

Analyses et études

 


Analyse n°1
L’émoi du capitole

Par Philippe Mahoux et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Le rôle central des institutions ? ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Aux Etats-Unis, l’invasion du Capitole par les supporters de Trump a été un événement mondial, relayé par les médias et abondamment commenté.

Ce qui s’est passé là semble un exemple particulièrement emblématique à Philippe Mahoux et Jean Blairon sur le rôle que jouent les institutions démocratiques et sur les coups de boutoir qu’elles peuvent connaître dans la mise en œuvre de leurs missions.

C’est en se basant sur la sociologie de Luc Boltanski que les auteurs montrent ce qu’est le rôle des institutions et comment ce rôle a été bafoué par Trump, entraînant ses partisans derrière lui. Mais il importe aussi de voir, au-delà du cas américain, comment cet épisode remet en lumière l’importance du fonctionnement d’institutions qu’on a que trop tendance, dans l’air du temps, de trouver lourdes et obsolescentes. La vigilance critique sur ce qui peut nous faire jeter le bébé avec l’eau du bain est plus que jamais d’actualité.

 


Analyse n°2
Quelle relance ? Par qui ? Pour qui ?

Par Philippe Mahoux et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de février intitulée « Quelle relance ? ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Si les débats à propos de la crise sanitaire font rage et occupent une très large part de l’espace médiatique, on peut s’étonner parfois de leur objet. Les polémiques sur ce que devrait ou pourrait décider le comité de concertation sont en effet permanentes, les discussions anticipées de « ce qui est sur la table » se succèdent et se contredisent.
Ainsi, les esprits sont non seulement obnubilés par le court terme (la réunion qui va avoir lieu), mais par ce qui le précède, comme si être les premiers à anticiper voire à précéder la décision était devenu le seul critère de qualité du débat démocratique. Cette agitation perpétuelle ne doit cependant pas occulter une question de fond sur la direction à prendre à l’avenir, sur le modèle de société à promouvoir en tirant tous les enseignements de ce que nous sommes occupés à vivre.
Pendant le premier confinement en 2020, nombreuses ont été les prises de position affirmant qu’« après », plus rien ne serait comme avant. Aujourd’hui, grande est la discrétion sur « l’après », au point qu’on peut se demander si nous n’allons pas revivre le scénario de la crise de 2008, où nous sommes repartis de plus belle dans les fonctionnements qui l’avaient causée.
Sommes-nous pour autant condamnés à la reproduction ?
Dans cette analyse, Philippe Mahoux et Jean Blairon mettent en avant deux controverses sur la manière dont notre société pourrait « se relancer » et proposent une identification des acteurs qui les portent. Ce travail permet de nommer des adversaires et de tracer les contours d’une ligne progressiste, qui pourrait, mais aussi devrait renouer avec ce qu’Albert Camus identifiait comme tâche pour sa génération : empêcher que le monde se défasse.

 


Analyse n°3
La démocratie culturelle aujourd’hui, pour quoi faire ?

Par Jacqueline Fastrès et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de mars intitulée « Le sens de la démocratie culturelle ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Dans les années 70, Marcel Hicter, considérant que la démocratisation de la culture qu’il soutenait auparavant s’avérait décevante, lui opposa fermement un autre paradigme : celui de la démocratie culturelle.
Dans cette analyse, nous rappelons d’abord sur quel système d’oppositions Hicter base sa position : opposition entre rôles de création et de consommation ; récusation du confinement du champ artistique ; récusation de la césure individuel / collectif.

Aujourd’hui, si cet héritage est toujours bien vivant, cette orientation n’est pas pour autant devenue la référence principale ou prioritaire.

Dès lors, nous nous demandons quel rapport la démocratie culturelle entretient aujourd’hui avec d’autres champs, et même avec la production de la société en tant que telle.
C’est autour de la notion d’animation culturelle chère à Marcel Hicter que nous construisons notre raisonnement.

 


Analyse n°4
L’allocation universelle, cheval de Troie de la dérégulation

Par Philippe Mahoux et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter d'avril intitulée « L’allocation universelle, cheval de Troie de la dérégulation ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Dans une analyse précédente, Philippe Mahoux et Jean Blairon s’interrogeaient sur la manière dont notre société pourrait se relancer après cette crise sanitaire, et surtout au profit ou au bénéfice de qui. De fortes craintes existent en effet que le modèle de « l’après » ne soit que l’exacerbation du modèle « d’avant ».

De fait, nous pouvons constater notamment que revient au devant de la scène la proposition d’une « modernisation » de la sécurité sociale qui prendrait la forme d’une allocation universelle (ou toute autre appellation équivalente).

Philippe Mahoux et Jean Blairon analysent une émission de la RTBF où cette proposition qui est en fait floue et multiforme est présentée comme « une idée qui fait son chemin auprès des partis politiques ».

Ils rappellent le point de vue de Max Weber selon lequel le résultat final de l’activité politique répond rarement à l’intention primitive de l’acteur. Les auteurs se demandent en l’occurrence si le résultat final d’une mesure comme l’allocation universelle pourrait être autre chose qu’une transformation de l’aide sociale en variable d’ajustement des finances publiques ; qu’une aggravation des rapports de force qui s’exercent dans un espace social de plus en plus privé de liberté pour les travailleurs ; qu’un affaiblissement des luttes qui ont pour visée de diminuer l’exploitation et l’aliénation en soutenant la face positive du travail, l’utilité sociale qu’il permet, la solidarité et la créativité collectives dont il est porteur.

 


Analyse n°5
NEET, quel dispositif de compréhension et d’action ?

Par Jean Blairon, en collaboration avec Oleg Bernaz

Diffusion via la newsletter de juin intitulée « NEET, quel dispositif qui se tienne ? ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


NEET, un acronyme qui désigne des jeunes comme triplement « ni » : ni à l’emploi, ni aux études, ni en formation. Cette « catégorie » a donc été construite autour d’une expérience sociale des individus abordée exclusivement par le prisme de deux dimensions : l’emploi et la formation initiale et continuée.

RTA a mené avec le RWLP plusieurs recherches-actions, qui touchent toutes à ces dimensions d’emploi et de formation, et dans lesquelles nous avons rencontré des personnes concernées en les mettant en situation d’analyse pour essayer d’apprendre d’elles et pour imaginer avec elles des voies de transformation possibles.

L’IBEFE (Instance Bassin Enseignement qualifiant Emploi Formation) Hainaut Sud a sollicité Jean Blairon pour une intervention dans un colloque organisé en collaboration avec les centres de recherches de l’UCL et de l’ULB, intitulé : « Neets : vers une transformation des regards et des pratiques ».

C’est dès lors sur les recherches-actions précitées que cette intervention s’est construite pour proposer au commanditaire un dispositif de compréhension et d’action.
Cette analyse (qui est la retranscription de cette intervention) explicite donc les éléments suivant :

  • la méthode choisie pour développer un dispositif de compréhension et d’action congruente avec la philosophie de la recherche-action, qui nécessite que quelque-chose « revienne » aux personnes concernées ;
  • trois cadres de compréhension des situations, qui permettent de mettre à jour les éléments qui se cumulent et ne sont pas suffisamment pris en compte, car c’est trop souvent un traitement catégoriel qui prédomine dans l’appréhension de ces situations et mène à des violences symboliques.

Pour permettre une ligne d’action possible, il faudrait réaliser une analyse stratégique participante avec les personnes concernées, en les considérant comme un des commanditaires de l’action.

 


Analyse n°6
Les conditions de l’employabilité. Pour la prise en compte de l’analyse des premiers intéressés

Par Oleg Bernaz

Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Ces créatures qui cadastrent nos vies - n°1 : indicateurs, vocabulaires, tendances ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Le 14 septembre 2021, la Fédération des CPAS wallons organisait ses Etats Généraux de l’insertion, autour de la question de l’employabilité. La fédération souhaitait proposer une prise de recul pour réfléchir à cette notion, qui fait l’objet de positions en sens divers ; elle justifie cette initiative de la sorte : « Alors que depuis des années, l’accent est mis sur l’emploi comme voie prioritaire à l’insertion des personnes, il nous a semblé pertinent de questionner cette notion. Les chiffres continuent à montrer que tout le monde n’y accède pas : parfois parce qu'il n’y en a pas suffisamment, parfois parce que la personne n’a pas les qualifications ou l’expérience requises mais, parfois aussi, parce que l’emploi n’est pas possible pour cette personne à moyen ou à long terme. Des orientations sont prises par les autorités pour répondre à cela : certaines tendent à considérer que tout le monde doit avoir la chance d’accéder à un emploi et d’autres qu’il faut préserver certaines personnes particulièrement vulnérables de la pression liée à cette recherche d’emploi ». Les personnes invitées à débattre étaient Paul Timmermans, Président de la Commission Emploi Formation de l'Instance-Bassin Hainaut sud et Président de la Mirec, Jean-François Orianne, Professeur de Sociologie à l’Ulg, et Oleg Bernaz, chercheur et superviseur à RTA.

En s’appuyant sur une série d’entretiens réalisés avec des personnes touchant le seuil de la pauvreté, Oleg Bernaz interroge la croyance néolibérale selon laquelle nous sommes tous employables. Pour sortir de la fausse alternative « tous employables ou pas ? », il convient de comprendre les conditions de la mise à l’emploi tout en évitant le raisonnement des groupes dominants. Les conclusions qui s’esquissent dans le sillage de cette analyse font valoir l’importance des nouvelles solidarités collectives ainsi que le rôle qu’y jouent les institutions en tant qu’elles promeuvent l’idéal d’une société plus juste et donc plus égalitaire.

 


Analyse n°7
Que nous indique l’obligation de recourir à des indicateurs ?

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Ces créatures qui cadastrent nos vies - n°1 : indicateurs, vocabulaires, tendances ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Le recours à des « indicateurs » se généralise dans nombre de secteurs, y compris dans l’associatif, au point de paraître incontournable pour une bonne gestion. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’ils font partie de ce que les sociologues de l’innovation nomment des « créatures », soit des « acteurs non humains » : technologies, techniques, concepts, procédures, etc. Ils sont conçus dans des lieux qui appartiennent à la pensée dominante, et, en se répandant – en s’imposant – dans le corps social, ils contribuent à la domination.

Pour le secteur associatif, le recours systématique à des indicateurs est contre-productif, si ce n’est parfois antinomique des missions elles-mêmes. Ainsi, comment peut-on a priori et à long terme décrire des indicateurs d’une action où tout se jouera dans la co-construction avec les publics, et est donc par définition improgrammable ? C’est le cas, par mission, pour l’éducation permanente. Comment dans ce cas pratiquer la démocratie culturelle chère à Marcel Hicter ?

 


Analyse n°8
L’éducation permanente (mise) à distance ?

Par Jean Blairon

Parue dans Démocratie (le journal du MOC), n°7-8 juillet août 2021.
Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Ces créatures qui cadastrent nos vies - n°1 : indicateurs, vocabulaires, tendances ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Dans toutes sortes de secteurs d’activités, la pandémie a imposé un arrêt brutal des activités ou des adaptations majeures de celles-ci. C’est le cas de beaucoup d’activités d’éducation permanente dans leur dimension de rencontre, d’animation, de formation ou de mobilisation collective qui ont été tout simplement frappées d’interdiction.
Bien des associations ont tant bien que mal cherché à inventer des voies alternatives, des succédanés, des chemins de traverse : formations en distanciel, visio-réunions, plateformes de partage ont plus ou moins peuplé le quotidien d’un télétravail décrété comme obligatoire.
Beaucoup de secteurs ont connu une situation similaire et il s’est trouvé de nombreux chantres de la « modernisation » pour qualifier ces situations de « basculement dans un progrès », qui avait enfin pu vaincre les résistances qui l’empêchaient auparavant d’advenir. Si bien que maintenant que la pandémie semble reculer, une controverse se dessine, comme d’ailleurs pour le télétravail : ne faut-il pas tirer enseignement des expériences qui se sont passées et transformer les pratiques pour « accueillir » la nouveauté ?

Questionner la question, c’est sans doute la première exigence réflexive, et elle nécessite de nous poser au moins trois gestes réflexifs indissociables : - se demander quel « format » ou quel « modèle » va préluder au questionnement ; - relier la question aux enjeux globaux dans lesquels la réponse que l’on apportera au questionnement va produire des effets ; - identifier ce que peut nous faire perdre la manière dont on va prendre en charge le questionnement.
Cette analyse développe ces trois points.

 


Etude n°1
La prise en compte des enfants dits « incasables » aujourd’hui – Quelques références déterminantes

Par Oleg Bernaz et Jacqueline Fastrès

Diffusion via la newsletter d'octobre intitulée « Ces créatures qui cadastrent nos vies N°2 : cases, incasables et résistance - ou de l’anti cadastrage delignien ».
Lire l'étude en ligne sur Intermag.

 

deligny



La déclaration de politique communautaire (DPC) 2019-2024 décline une priorité en faveur des jeunes dits « incasables », en évoquant différentes pistes de solutions renforçant des dispositifs existants. Force est de reconnaître que ces jeunes pâtissent souvent d’une organisation bureaucratique de l’aide qui leur est apportée, se déclinant trop souvent en « cases » dans lesquelles, plus ils sont en difficulté(s), plus ils ont du mal à se faire accepter, leurs besoins spécifiques et multiples ne trouvant de réponse finalement ni partout, ni nulle part. De fil en aiguille, ils finissent par être considérés comme les « inadaptés » d’un système qui peine à s’adapter à la réalité, jusqu’à produire, même à son corps défendant, des violences institutionnelles.

Pour autant, rien n’est-il possible ?

Possible, en tout cas tentable et tenté, et productif, et inventif, et opiniâtre, cela le fut, durant des décennies, par Fernand Deligny, à une époque bien plus âpre encore que la nôtre, et réputée bien moins tolérante, et avec des jeunes réputés quant à eux définitivement irrécupérables. Cela nous a paru une – des - tentative(s) à rappeler, pour interroger, nourrir, inspirer des pratiques actuelles.

Cette étude se structure en trois parties.

  • La première fait retour sur les pratiques de Fernand Deligny, son audace, ses principes de fonctionnement, son refus de l’inacceptable, ses « tentatives », du nom qu’il les baptise lui-même, modestement.
  • La seconde se penche sur les principes d’efficacité qui furent les siens, qui évoquent ceux du modèle de propension, produits dans la culture chinoise, et analysés par François Jullien.
  • La troisième se focalise sur le tissage des réseaux dont Deligny a eu le génie ; les travaux des sociologues de l’innovation sont à cet égard très éclairants.

C’est donc une tresse de trois pensées, celle de Fernand Deligny, celle de François Jullien et celle de Michel Callon et consorts, que nous vous proposons dans cette étude.

 


Analyse n°9
Pourquoi il faut refuser l’exercice du travail social en distanciel

Par Christine Mahy et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Ces créatures qui cadastrent nos vies N°3 : L’inéluctable (?) digitalisation ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


La crise sanitaire a fait faire un bond en avant à la digitalisation du travail, y compris celui des services publics ou du travail social. A tel point que non seulement cette digitalisation a remis en question la nécessité, si ce n’est la légitimité, d’un contact en face à face entre le travailleur et le « bénéficiaire ». La situation s’est même nettement retournée : la rencontre en présentiel, sur rendez-vous, devient, presque naturellement, une option à la demande – cette demande qui ne manquera pas d’être vite « importune ». La règle deviendra-t-elle l’exception ?

Dans cette analyse, nous refusons ce que nous considérons comme une régression, pour 6 raisons au moins.
Deux qui touchent au rôle du travailleur social ; deux autres qui touchent aux évolutions du champ du travail social en cas de digitalisation et à ses impacts sur la nécessaire acceptation de la différence qui est au cœur de ce travail. Et enfin, deux illusions mensongères, celle de l’efficacité accrue du numérique, et celle de sa « propreté » écologique.

 


Etude n°2
L’éducation permanente dans la crise sanitaire : quelle évaluation de sa relation au « numérique » ?

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de janvier intitulée « Ces créatures qui cadastrent nos vies N°3 : L’inéluctable (?) digitalisation ».
Lire l'étude en ligne sur Intermag.


En mai et juin 2021, une série de rencontres et d’ateliers ont été organisés par la FESEFA en partenariat avec les CEMÉA et certains membres du collectif PUNCH - PointCulture, le Gsara, le Centre Librex et le CESEP. L’objectif de ces rencontres, par ailleurs virtuelles, était de réfléchir aux enseignements d’un an d’éducation permanente contrainte par la crise sanitaire à se réaliser en distanciel.

Les matériaux de ces moments réflexifs ont été retranscrits et la FESEFA a sollicité Jean Blairon pour en faire la « synthèse », vue de l’extérieur puisqu’il s’était astreint à ne pas participer aux travaux. Il a procédé par grappes de sens à mettre en relation.

Un premier chapitre sur le processus lui-même et ses paradoxes permet un premier cadrage qui identifie trois questions centrales.

  • Quelles actions l’éducation permanente peut ou doit-elle mener dans le domaine du numérique ?
  • Quelle action recourant au numérique peut-elle être menée en éducation permanente ?
  • Que révèle le recours contraint au numérique à propos des problèmes que rencontrait le secteur de l’éducation permanente avant même la crise sanitaire ?

Les chapitres suivants s’emploient à tenter de répondre à ces trois questions par boucles successives, en approfondissant leurs composantes à travers les propos des participants et en les exposant au prisme suivant : quelles vigilances déployer, sachant qu’on ne peut jamais, en éducation permanente, séparer une réflexion sur les moyens (l’outil par exemple) et les finalités de l’action (et inversement).

Pour la première question, elle sera référée aux pratiques d’éducation permanente à articuler aux enjeux du monde du travail en général.
Pour la seconde, elle ne peut être envisagée qu’en se gardant du biais véhiculé par l’idéologie dominante qu’il s’agit d’un progrès, occultant par là le caractère obligé du recours au numérique vu la crise sanitaire.
Quant à la troisième, c’est en se référant aux fondamentaux de l’éducation permanente et à ses visées de démocratie culturelle qu’il faut en envisager la réponse.</>

 


Analyse n°10
Education permanente et visibilité

Par Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Associatif et visibilité ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Le travail associatif, y compris celui de l’éducation permanente est souvent discret, peu médiatisé. Si ses apports sont indéniables dans le soutien au fonctionnement démocratique, leur efficacité est souvent laissée dans l’ombre. Ce qui, à une époque où la visibilité constitue le critère dominant de la légitimité, joue en défaveur des associations. Les services publics sont d’ailleurs soumis à la même disqualification : ce qui n’est pas « visible » (à savoir : médiatisé) tend de plus en plus à être considéré comme non utile.

Cependant, si on veut penser le rapport entre visibilité et éducation permanente, il faut le faire d’une manière qui soit congruente avec les pratiques d’éducation permanente, et non dans le langage dominant, ni avec la définition dominante de la visibilité, ce qui constituerait une incohérence majeure. Cette analyse pointe trois éléments qui rendent complexe la tâche de visibilisation que l’éducation permanente s’impose, non pour elle-même mais pour les combats qu’elle porte.

 


Analyse n°11
Une démocratie sans associations ?

Par Philippe Mahoux et Jean Blairon

Diffusion via la newsletter de décembre intitulée « Associatif et visibilité ».
Lire l'analyse en ligne sur Intermag.


Le rôle des associations, notamment d’éducation permanente, est de recueillir, structurer et relayer la parole des individus et des groupes, en soutien de la démocratie. En cette année du centenaire de la loi de 1921, on peut se demander si ce rôle n’est pas menacé, entre autres par l’arrivée du Code des sociétés et des associations.

Les auteurs entendent la démocratie non seulement comme un système politique mais, à la suite d’Alain Touraine, comme un Etat où on a le « droit d’avoir des droits ». C’est l’action des mouvements sociaux qui rend possible cet objectif ; mais si les mouvements sociaux comptent des luttes et des révoltes, ils comportent aussi tout un travail de fond, moins visible mais tout aussi déterminant, assuré par les associations diverses.

Cette analyse propose l’illustration de ce travail de fond, souvent peu visible, en amont et en aval de travaux parlementaires, dans le cadre de législations dont Philippe Mahoux a été un acteur. Elle pointe aussi les dangers qui le menacent, à travers des fonctionnements qui gagnent du terrain.

 

Analyses 2021

parues en extérieurs

 


Etude n°3
L’action syndicale pendant la crise du Covid-19. Une enquête participative dans la Fédération de la CSC Namur Dinant

Par Jean Blairon, asbl RTA

Pour obtenir cette étude, contacter Isabelle Meerhaghe à la CSC : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


RTA a été sollicitée par la CSC Namur-Dinant pour poursuivre une démarche entamée lors de son congrès en 2018, et qui consistait à recueillir le point de vue de ses délégués et militants ; cette année-là, l’enquête avait porté sur la manière dont se vivaient les solidarités au sein de la Fédération (Retrouvez cette étude à l’adresse https://www.intermag.be/675). En 2021, après une interruption imposée par la crise du Covid, le processus a repris, en repartant de l’expérience des acteurs et sans préjuger d’une thématique précise.

En essayant de rendre raison des analyses fouillées réalisées par les 20 personnes interrogées, nous avons d’abord rencontré une qualification de la pandémie du Covid19 comme une mise en cause des références expériencielles et des balises habituelles du travail. Il s’agit bien d’un choc culturel de forte amplitude qui interroge les pratiques et le sens de l’action.

Le recul réflexif opéré par les personnes interviewées met en lumière que le « monde d’après » ne répondra sans doute pas aux espoirs qui se sont exprimés lors du premier confinement. Les analyses prévoient plutôt une exacerbation de ce qui prévalait avant la pandémie : montée des inégalités, aggravation des fractures sociales, abandon plus fréquent des droits.

Dans le monde du travail, nous avons rencontré de nouvelles formes de domination, parfois sur fond d’abus dans le chef des employeurs. En tous les cas, une emprise s’aggrave sur les travailleurs, qui interroge la place qu’il faut donner dans les analyses et dans l’action à la relation de subordination et aux formes qu’elle peut prendre.

Le télétravail fonctionne comme un révélateur et une métonymie ; il est la partie qui révèle ce qu’est le tout, avec des effets possibles d’affaiblissement de la concertation sociale et de la mobilisation. Pour autant, il n’est pas totalement à rejeter dans des limites qui ont été précisées par les personnes au départ de l’expérience qu’elles en ont eue elles-mêmes également.

Ce double niveau : le monde du travail à propos duquel on est en lutte et le fait que cette lutte s’exerce elle aussi dans le cadre d’un contrat de travail nous a mis sur la voie de la question d’une correspondance suffisante - ou non - entre les luttes engagées et la manière de s’organiser à l’interne pour les mener.

La question est abrupte : le syndicat est-il sur certains points une entreprise comme les autres ?

C’est dès lors un questionnement sur les visées du syndicat qui est avancé, la pandémie ravivant les questions que pose le plan de transition dans lequel le syndicat s’est engagé. Ce questionnement isole une controverse centrale qui s’exprime par une opposition syndicat de service/syndicat de combat.

Nous avons essayé de déplier les termes de cette controverse pour les déplacer, ce qui nous a permis de proposer une autre façon de voir la relation de service.

Celle-ci est en réalité un enjeu qui traverse toute la condition salariale aujourd’hui et elle est donc une formidable occasion de construire une correspondance suffisante entre les luttes et la manière de s’organiser pour les mener. C’est aussi, sans doute, une voie qui permettrait de construire des alliances inter-catégorielles plus larges et plus fortes.

Par rapport à cet enjeu que nous avons trouvé central, nous avons abordé quatre questions stratégiques qui lui sont complémentaires :

  • le double sens du travail ;
  • une meilleure prise en compte du public précarisé ;
  • les manières de construire une meilleure transversalité dans l’organisation ;
  • et enfin, l’appel à la réhabilitation de l’expérience, de la rencontre, de l’informel, toutes dimensions productrices de « bénéfices cachés ».


Analyse n°12
Le travail d’équipe dans l’interstice, une approche institutionnelle

Par Saki Kogure et Jean Blairon (asbl RTA, Namur)

A paraître dans L’Observatoire n°109, début 2022.


La revue L’Observatoire va consacrer son prochain numéro à la problématique de l’équipe dans le secteur psycho-médico-social. Plusieurs facettes seront abordées comme : « Pourquoi le travail en équipe est-il important et quelles difficultés, tensions, freins peuvent fragiliser son fonctionnement, ou à l'inverse qu'est-ce qui peut le soutenir, le favoriser, le stimuler ? Comment assurer la cohésion d'équipe au sein de grandes institutions ? Comment consolider l'équipe quand celle-ci se caractérise par une grande diversité de ses membres (aux niveaux des disciplines, des parcours professionnels, des cultures, des générations, etc.) ? etc. »
Dans ce contexte, la revue a sollicité une contribution de RTA pour ouvrir une réflexion « sur le rôle des interstices dans la fabrique de l'équipe, dans le tissage des relations et le partage entre collègues (d'affects, de difficultés rencontrées, de méthodes ou techniques d'accompagnement, de "valeurs" et principes menacés par exemple par de nouvelles règles et de nouvelles procédures inspirées par le monde marchand, etc.).
Saki Kogure et Jean Blairon mobilisent une approche institutionnelle pour traiter le rôle des interstices ; ils montrent que ces espaces-temps particuliers sont des analyseurs privilégiés des échanges intersubjectifs réels qui tissent les relations de travail ; l’éthique n’y est pas toujours au rendez-vous...
Puisque dans une approche institutionnelle, il faut toujours lire le « local » (l’équipe) à partir du « global » (la société), les auteurs examinent aussi comment les rapports intersubjectifs sont aujourd’hui l’objet d’une controverse majeure qui traverse le monde du travail tout entier, non sans ambiguïtés multiples par rapport à l’efficacité, à la considération de ce qui la fonde, à l’exploitation du travail et aussi à sa manipulation.

 

Chapitre II

Service

 


La suppression du statut de cohabitant

Retour sur un service pour le RWLP

 

L’enjeu du service

Le statut de cohabitant incarne de façon emblématique le mouvement de régression que subit le système de sécurité et de protection sociales depuis des dizaines d’années : de plus en plus de conditions sont mises à l’octroi d’une aide sociale ; de plus en plus de restrictions sont apportées aux droits sociaux et économiques.
Cette situation est d’autant plus paradoxale que la société, pendant les mêmes années, accordait de plus en plus d’importance et de valeur à l’individualisation (ne serait-ce que dans la négociation salariale…).
Ce statut qui pénalise l’ayant droit s’il ne vit pas seul symbolise aussi au mieux la méconnaissance ou au pire l’indifférence que les décisions politiques peuvent avoir vis-à-vis des conditions de vie réelles d’une grande partie du public populaire : demandeurs d’emploi, personnes émargeant au CPAS, personnes handicapées, jeunes vulnérables...Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin les causes du désaveu très préoccupant que le public populaire exprime par rapport aux responsables politiques.

L’enjeu de l’enjeu

Cette analyse que nous faisions avec notre commanditaire, le RWLP, dès l’entame de notre collaboration, nous confronte à un enjeu de second degré : comment lutter contre cette mesure inique sans renforcer le désaveu vis-à-vis du politique qu’elle a produit et produit continûment ?

Cette question traverse toute action d’interpellation des responsables politiques1.

Nous faisons l’évaluation suivante.

  • Nous ne pouvons pas nous permettre, en tant qu’association d’éducation permanente, d’affaiblir la vie démocratique, même involontairement. Nous ne pouvons pas céder à la facilité de dire « c’est de la faute des supposées élites ». Un enseignement direct : il peut être utile de montrer que par rapport à un état des choses tout le monde y perd (c’est le cas par exemple des travailleurs sociaux qui doivent contrôler qu’il n’y a pas de cohabitation).
  • Encore faut-il dès lors identifier ce qui peut conduire à une méconnaissance – ou pire un désintérêt pour ce que peut vivre le public populaire. Le problème peut concerner toutes les forces politiques, même progressistes.
    Philippe Mahoux propose cette analyse des protagonistes du champ politique :

    C’est le cas de beaucoup de collaborateurs maintenant, membres de cabinet, membres de groupes… il m’arrive souvent de dire : « Bon sang, vous avez déjà été confrontés à quelque chose, à des situations où au moins vous avez pu ressentir [ce que vivent les gens] ? » Je pense que cela n’impose pas que chacun le ressente en le vivant, mais que chacun puisse ressentir ce que ça peut être : c’est quoi devoir compter à la fin du mois ? Comment je peux comprendre ceux qui le 26 du mois doivent faire des choix ? Pas des choix à propos du superflu, des choix qu’on doit faire entre l’indispensable et l’indispensable...2

Cette analyse conduit à ne pas recourir qu’aux argument rationnels.

  • D’où l’idée de recourir au sensible que permet une mise en scène théâtralisée.
    Jean-Luc Piraux réussit à faire saisir l’absurde du « statut » de cohabitant en recourant à des mises en scène quelque peu « surréalistes »… qui ne sont pas si éloignées de la réalité qu’on le voudrait.3

Ce type d’« humour » permet de faire ressentir sans culpabiliser (ceux parmi les dominants qui pourraient quelque chose dans ces situations) ni victimiser (les dominés, qu’il ne fait ni réduire à ce rôle, ni mettre en concurrence avec d’autres dominés). Il est très compliqué de réussir les deux en même temps, mais il nous semble que la série y parvient.

Contraintes subséquentes

La collaboration tri-partite permettait à chacune des parties de soutenir des enjeux qui leur étaient chers : s’engager pour Jean-Luc Piraux ; soutenir la culture souffrant dramatiquement du confinement pour le RWLP et RTA.

Pour autant, chacune des parties a dû se déporter au-delà de sa logique habituelle : travailler à bien appréhender le quotidien des personnes soupçonnées de cohabiter pour le comédien ; suivre l’analyse politique et l’actualité pour les trois protagonistes.
C’est ainsi qu’en cours de tournage, il a été décidé d’adjoindre un septième clip pour prendre en compte les conséquences du statut de cohabitant pour les personnes handicapées.
C’est ainsi, également, qu’après avoir « bouclé » les tournages qui faisaient partie de l’accord, l’actualité politique a mis sur le devant de la scène deux brèches majeures : la suspension de la mesure à cause de la crise COVID ; une deuxième suspension due aux inondations et à la crise du logement qu’elles ont ont produite. Elle a aussi attiré l’attention sur le vécu d’autres catégories sociales, comme les jeunes.
Il est apparu impossible de ne pas en tenir compte. D’où nous sommes allés bien au-delà de l’accord initial, en réalisant un service dont la « valeur » aurait dû pouvoir être dédoublée. Mais nous n’avions pas pu prévoir cette actualité et, par voie de conséquence, nous conformer aux exigences de l’arrêté :

« La possibilité de doubler le nombre d’unités d’un service ou d’un outil est limitée à une réalisation par an.
Avant toute réalisation de ce type, l’association en informe préalablement l’Inspection en motivant sa demande. » (art. 23 § 3)

Preuve s’il en est encore besoin que l’action d’éducation permanente, si elle veut se donner toutes les chances de produire ses effets, ne peut se couler dans une logique programmatique.

Les réalisations

Au total, 10 clips ont été réalisés. Les 8 premiers ont été diffusés de manière séparée sur les réseaux sociaux du RWLP, à intervalle régulier, durant les semaines précédent le 17 octobre 2020, pour appuyer la campagne du Réseau, Dons le slogan était : « Fini d’être des bonnes poires ! Stop au statut cohabitant ! ».
En parallèle, un montage en continu des 8 clips était aussi disponible sur les réseaux sociaux du RWLP.
Les deux derniers clips, non prévus, sont venus les rejoindre un peu plus tard. Un nouveau montage en continu des 10 clips a parachevé le tout.

Liste des clips

 

Note 1 - Cf. notre analyse « Education permanente et visibilité », https://intermag.be/images/stories/pdf/rta2021m12n1.pdf

Note 2 - Ph. Mahoux et J. Blairon, La Fabrique des lois, Bruxelles, éditions du Centre d’Action Laïque, 2019, p. 217

Note 3 - Jean-Luc Piraux, comédien belge, auteur, interprète, metteur en scène et créateur du « Théâtre Pépite ».
Pour approcher la palette des talents de ce comédien pas comme les autres et primé à de multiples reprises, voici un extrait de ce qu’en dit le Théâtre Varia : (https://varia.be/jean-luc-piraux-vs-proust/Blog – Jean-Luc Piraux VS Proust – Théâtre Varia) «  Derrière ses airs de timide, se cache un clown au grand cœur, il y a du Bourvil là-dessous, du Pierre Richard, du Charlie Chaplin… Ce comédien de haut vol sait tout jouer et s’est illustré dans des registres différents… Il puise son inspiration auprès des gens qu’il connaît ou qu’il a rencontrés et avec lesquels il a fait un bout de chemin ».
Compléments de références : https://www.cinergie.be/personne/piraux-jean-luc.