"Le vent est ce dont on ressent le souffle partout alentours, mais que, en lui-même, on ne perçoit pas; qui transmet indéfiniment dans son cours, mais dont on constate seulement le résultat. (...): une diffusion d'autant plus prégnante, envahissante, qu'elle ne se laisse pas discerner; d'autant plus opérante qu'elle ne se laisse pas confiner."
François Jullien, La pensée chinoise en vis-à-vis de la philosophie, Folio essai, 2015, p.178-179.
Une démocratie sans associations ?
Par Philippe Mahoux et Jean Blairon
Le rôle des associations, notamment d’éducation permanente, est de recueillir, structurer et relayer la parole des individus et des groupes, en soutien de la démocratie. En cette année du centenaire de la loi de 1921, on peut se demander si ce rôle n’est pas menacé, entre autres par l’arrivée du Code des sociétés et des associations. Les auteurs entendent la démocratie non seulement comme un système politique mais, à la suite d’Alain Touraine, comme un Etat où on a le « droit d’avoir des droits ». C’est l’action des mouvements sociaux qui rend possible cet objectif ; mais si les mouvements sociaux comptent des luttes et des révoltes, ils comportent aussi tout un travail de fond, moins visible mais tout aussi déterminant, assuré par les associations diverses.
Cette analyse propose l’illustration de ce travail de fond, souvent peu visible, en amont et en aval de travaux parlementaires, dans le cadre de législations dont Philippe Mahoux a été un acteur. Elle pointe aussi les dangers qui le menacent, à travers des fonctionnements qui gagnent du terrain.
Education permanente et visibilité
Par Jean Blairon
Comme le rappelle l’analyse précédente, le travail associatif, y compris celui de l’éducation permanente est souvent discret, peu médiatisé. Si ses apports sont indéniables dans le soutien au fonctionnement démocratique, leur efficacité est souvent laissée dans l’ombre. Ce qui, à une époque où la visibilité constitue le critère dominant de la légitimité, joue en défaveur des associations. Les services publics sont d’ailleurs soumis à la même disqualification : ce qui n’est pas « visible » (à savoir : médiatisé) tend de plus en plus à être considéré comme non utile.
Cependant, si on veut penser le rapport entre visibilité et éducation permanente, il faut le faire d’une manière qui soit congruente avec les pratiques d’éducation permanente, et non dans le langage dominant, ni avec la définition dominante de la visibilité, ce qui constituerait une incohérence majeure. Cette analyse pointe trois éléments qui rendent complexe la tâche de visibilisation que l’éducation permanente s’impose, non pour elle-même mais pour les combats qu’elle porte.
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