Le recours à des « indicateurs » se généralise dans nombre de secteurs, y compris dans l’associatif, au point de paraître incontournable pour une bonne gestion. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’ils font partie de ce que les sociologues de l’innovation nomment des « créatures », soit des « acteurs non humains » : technologies, techniques, concepts, procédures, etc. Ils sont conçus dans des lieux qui appartiennent à la pensée dominante, et, en se répandant – en s’imposant – dans le corps social, ils contribuent à la domination.
Pour le secteur associatif, le recours systématique à des indicateurs est contre-productif, si ce n’est parfois antinomique des missions elles-mêmes. Ainsi, comment peut-on a priori et à long terme décrire des indicateurs d’une action où tout se jouera dans la co-construction avec les publics, et est donc par définition improgrammable ? C’est le cas, par mission, pour l’éducation permanente. Comment dans ce cas pratiquer la démocratie culturelle chère à Marcel Hicter ?
Que nous indique l’obligation de recourir à des indicateurs?
- Écrit par Jean Blairon