Le 14 septembre 2021, la Fédération des CPAS wallons organisait ses Etats Généraux de l’insertion, autour de la question de l’employabilité. La fédération souhaitait proposer une prise de recul pour réfléchir à cette notion, qui fait l’objet de positions en sens divers ; elle justifie cette initiative de la sorte : « Alors que depuis des années, l’accent est mis sur l’emploi comme voie prioritaire à l’insertion des personnes, il nous a semblé pertinent de questionner cette notion. Les chiffres continuent à montrer que tout le monde n’y accède pas : parfois parce qu'il n’y en a pas suffisamment, parfois parce que la personne n’a pas les qualifications ou l’expérience requises mais, parfois aussi, parce que l’emploi n’est pas possible pour cette personne à moyen ou à long terme.
Des orientations sont prises par les autorités pour répondre à cela : certaines tendent à considérer que tout le monde doit avoir la chance d’accéder à un emploi et d’autres qu’il faut préserver certaines personnes particulièrement vulnérables de la pression liée à cette recherche d’emploi ». Les personnes invitées à débattre étaient Paul Timmermans, Président de la Commission Emploi Formation de l'Instance-Bassin Hainaut sud et Président de la Mirec, Jean-François Orianne, Professeur de Sociologie à l’Ulg, et Oleg Bernaz, chercheur et superviseur à RTA.
En s’appuyant sur une série d’entretiens réalisés avec des personnes touchant le seuil de la pauvreté, Oleg Bernaz interroge la croyance néolibérale selon laquelle nous sommes tous employables. Pour sortir de la fausse alternative « tous employables ou pas ? », il convient de comprendre les conditions de la mise à l’emploi tout en évitant le raisonnement des groupes dominants. Les conclusions qui s’esquissent dans le sillage de cette analyse font valoir l’importance des nouvelles solidarités collectives ainsi que le rôle qu’y jouent les institutions en tant qu’elles promeuvent l’idéal d’une société plus juste et donc plus égalitaire.