Il n'est plus envisageable aujourd'hui de construire un discours sur la pauvreté, la précarité et l’exclusion en dehors d'une participation des personnes concernées. Le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté et ses membres s'interrogent naturellement sur les actions de participation mises en place dans leurs fonctionnements quotidiens.
C'est dans ce contexte que RTA a été sollicité. Nous avons été invités à poser un regard réflexif et indépendant sur les pratiques participatives du Réseau.
Six collectifs ont été rencontrés, avec leurs bénéficiaires : trois appartiennent au Réseau, trois autres en sont proches sans être membres.
Nous avons dégagé des interviews une hypothèse explicative centrale : la participation au sein du Réseau se vit dans la connexion constante et libre de trois niveaux de participation.
-
La participation des personnes (« bénéficiaires ») au sein d'associations, de groupes, d'associations d'associations ;
-
la participation d'associations membres ou non-membres officiels à la vie du Réseau lui-même ;
-
la participation à la construction de la société par l'action politique.
Ainsi, proposerons nous, dans une première partie, une caractérisation de la forme centrale de participation privilégiée des personnes au sein des associations.
Dans une seconde partie, nous verrons comment cette figure centrale de la participation ne peut trouver appui que sur des dynamiques institutionnelles qui cherchent à y correspondre et à la valoriser. Nous montrerons que les associations rencontrées ont en effet tendance à se concevoir et à vivre leurs relations comme des mosaïques ou des patchworks, soit des assemblages non centralisés de pièces reliées par un « motif » commun, une visée, comme par exemple le soutien à apporter à une population précarisée.
Dans une troisième partie, nous ferons retour sur la question politique en étudiant comment peut se construire et se renforcer la légitimité du Réseau. La question sera traitée en montrant toute l'importance du dispositif développé et à développer, du sens qu’il porte et des effets que son existence peut avoir. Nous y verrons la possibilité d'une alternative durable aux formes et figures d’organisation et de participation promues par des institutions qui véhiculent, en la matière, les évidences des oligarchies de toute nature.