Un article d'Alter Echo s'est récemment inquièté de ce que son auteur identifie comme une mise en cause de la participation des familles pauvres à la lutte contre la pauvreté. Le droit d'association et de participation citoyenne des plus pauvres serait de plus en plus menacé. Un des événements qui est mis en avant par ceux qui redoutent un recul de la participation est la décision du Gouvernement wallon d'instituer un Réseau de lutte contre la pauvreté comme interlocuteur, parmi d'autres, des représentants de la population.
Cet article porte en filigrane une des controverses courantes autour de la question de la participation citoyenne des personnes en situation de désaffiliation. La controverse porte sur le type de démocratie légitime pour cette participation : démocratie représentative (les points de vue sont relayés par des représentants légitimes), directe (les personnes participent directement aux décisions) ou dialogique (les personnes sont consultées comme expertes de certaines problématiques). D'aucuns estiment que le seul type acceptable est la démocratie directe. Or, les motifs qui ont conduit à la conception du décret instaurant un Réseau de lutte contre la pauvreté insistent sur l'intérêt d'articuler les démocraties représentative et dialogique.
La controverse comporte d'autres composantes. Autour de la légitimité de la parole (une dépendance financière de l'association, sous forme de subside, la délégitimise-t-elle comme porte-parole?). Autour de la relation aux publics (un apport d'aide matérielle de l'association aux bénéficiaires les inféode-t-il?). Enfin, autour de la conception du pouvoir et des institutions (exclusivement du côté du contrôle, et jamais du côté de la réflexivité?). Ainsi cette situation pose-t-elle des questions à tous ceux qui participent à production de la société.