Le terme « Roms », qui désigne des populations variées disséminées sur le territoire européen, est une catégorisation relativement récente, liée à la politique européenne. Elle a notamment pour effet de donner à ces populations une visibilité accrue, notamment médiatique, qui n'échappe pas aux stéréotypes hérités du passé. Derrière cette catégorisation, et la colorant de manière quasi indélébile, il y a la stigmatisation.
Le stigmate, bien défini par Goffman, a pour effet de retrancher les personnes qui en sont frappées du monde des « normaux » et affecte leurs droits vis-à-vis de ceux qui ne sont désormais plus leurs semblables. Marqueur identitaire ancré dans les mentalités depuis des siècles, la stigmatisation des Roms a appelé des réponses politiques diverses, voire radicalement opposées, mais toutes profondément marquées par la force du stigmate. Les politiques européennes à l'égard des Roms, pourtant tournées vers l'inclusion de ces populations, n'échappent pas à cette emprise. Nous en pointons les influences peu perçues et les écueils invisibles qu'il conviendra de contourner.
Analyse à la demande parue dans L'opinion européenne en 2014, sous la direction de Dominique Reynié, Editions Lignes de repères - Fondation pour l'innovation politique, avril 2014, p. 67-74.