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Le Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse qui est entré en vigueur en 2019 renforce les droits reconnus aux jeunes et à leurs parents. C’est une avancée, dans la droite ligne de la CIDE et de la montée en puissance des droits culturels, et on ne peut que s’en réjouir.
Plusieurs mesures sont concernées par ces évolutions. L’une d’entre elle est l’abaissement à 12 ans de l’âge à partir duquel l’enfant, assisté par un avocat, doit donner son accord au programme d’aide qui lui est proposé. On reconnaît par là à l’enfant un statut de sujet. Toutefois, à l’instar de Michel Wieviorka, ne faudrait-il pas mieux le considérer comme un « sujet incomplet », soit un sujet qui n’a pas en main les mêmes cartes qu’un adulte ?
La mise en œuvre de ces nouvelles mesures, pour qu’elles soient émancipatoires, demande en tout cas une grande vigilance, notamment par rapport à la question de l’accord donné par un jeune à une mesure qui le concerne : la question du consentement ne se réduit pas d’office, en effet, à un échange argumentatif et ne s’inscrit pas immanquablement dans le processus de décision collégiale qui est réputé se produire.

Le récent ouvrage de Vanessa Springora, justement nommé Le consentement, nous donne matière à réflexion.

L’auteure raconte comment, à 14 ans elle devient la maîtresse de Gabriel Matzneff, auteur et essayiste célèbre. Elle explique comment elle est arrivée à lui donner « son consentement », alors même qu’elle était sous son emprise, mais ne s’en est rendu compte que lentement, plongée dans la détresse, et que s’en rendre compte ne l’a pas protégée de la permanence de cette emprise, des années plus tard. Ce qu’elle décrit rappelle les procédés de l’institution totale décrits par Goffman.

Le détour réflexif par un exemple extrême nous permet d’extraire des éléments d’attention utiles à notre propos :

  • s’il faut être attentifs aux droits du sujet, il convient de ne pas considérer le « sujet » de manière exclusivement romantique ; le sujet n’est pas par essence, il est porté par des processus de subjectivation ou de désubjectivation (ces derniers étant fort bien décrits dans l’ouvrage de Springora) ;
  • être attentifs à ces mécanismes de subjectivation et de désubjectivation pourrait être un garde-fou pour lutter contre ce qui pourrait devenir une violence symbolique à l’égard des personnes qui sont sous emprise ;
  • tenir compte des pentes de « l’air du temps » et s’en distancier suffisamment pour éviter qu’elles ne nuisent aux plus faibles, sous couvert de leur être utile.

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