Dans nos précédentes livraisons, nous avons étudié d’une part la spécificité du travail associatif (y compris dans les doubles vérités dans lesquelles il peut se développer ou s’affaiblir), et d’autre part, autour d’un exemple particulier dans le monde du handicap, les enjeux politiques qu’il tente de porter pour garder le sens de l’action au centre de la dynamique associative.
Dans ce troisième volet, nous aborderons une réalité souvent occultée : celle des associations au service de la domination.
Ou comment les classes « supérieures » ont détourné à leur profit une forme associative qui va à l’encontre des valeurs qui ont présidé à la création des associations à la suite de la loi de 1901, dans la lignée associationniste.
S’appuyant notamment sur les travaux de M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, mais aussi sur des œuvres comme celle de Proust ou d’Edouard Louis, Jean Blairon décortique d’abord comment la grande bourgeoisie s’est approprié les différents capitaux (au sens de Bourdieu) : capital économique bien sûr, mais aussi social, culturel et surtout symbolique.
Il montre ensuite que cette accumulation de capitaux qui se renforcent mutuellement ne se réalise ni par l’action d’une main invisible, ni par l’activité des individus ou des familles seules : des « associations sans but lucratif » y contribuent puissamment.
D’où la nécessité de disposer de repères, de balises, de raisonnements qui sont discriminants, c’est-à-dire qui peuvent réellement permettre de voir et de faire la différence entre les associations qui prennent en charge la critique de la domination (et du système qui la permet) et celles qui ont pour projet de la produire ou de la reproduire.