L'emballement médiatique que l'on observe à propos de la radicalisation n'est pas sans effets sur le champ politique ; il produit un activisme contraint, sur fond de l'habituelle mise en cause de la maîtrise des responsables politiques : pourquoi ne l'ont-ils pas vue venir ? en font-ils assez ? assez vite ? assez fort ?
La pression est énorme pour les politiques, et en amont, pour les acteurs de terrain.
Comment ces acteurs qui produisent notre société peuvent-ils échapper à la fausse alternative du laisser faire (parce qu'on n'est pas concerné) et de l'activisme paradoxal (qui alimente ce que l'on veut éviter) ? Et spécialement, comment ceux d'entre eux qui œuvrent dans l'aide à la jeunesse, qui sont actifs « en milieu ouvert », dans le lieu de vie même des jeunes, peuvent-ils résister aux amalgames ? C'est très souvent l'absence de sens et de possibilité de subjectivation et d'action qui est à la source du comportement de radicalisation de certains jeunes (de toutes les radicalisations, pas seulement islamiste), et c'est précisément ce qui est au cœur des actions de prévention.