Cette analyse a été réalisée à la demande de la Ligue bruxelloise francophone de santé mentale, pour sa revue Mental’Idées dont le n° 25 était intitulé « Obsolescence programmée – Souffrance au travail ».
Trop souvent, trop largement, le travail comme « grand intégrateur » qu’il devrait être encore fonctionne désormais comme un intégrateur forcé à un ensemble désintégré et désintégrateur de tous par les divisions que la domination produit en son sein. Si on veut construire un raisonnement hybride à propos du travail, c'est-à-dire y combattre la souffrance due à la domination et à l'exploitation tout en reconnaissant au travail une capacité d'intégration qui n'aurait pas pour principal effet celui d'une désintégration des sujets, peut-être faut-il au préalable prendre la mesure des disjonctions qui font écran à la création d'un mouvement d'ensemble qui voudrait combattre l'exploitation, la domination et la division.
Cette cartographie peut être faite pour le secteur associatif, mais aussi pour les services publics et même pour le monde marchand. Mais est-ce à dire qu'un mouvement social d'envergure est devenu impossible et incapable de prendre en charge en même temps la souffrance au travail et le travail en souffrance ? Jean Blairon explore les conditions de cette élaboration.