Dans une analyse antérieure (« L'adversaire, après la crise ») nous avons examiné les thèses qu'Alain Touraine défend dans son dernier ouvrage « Après la crise ». Nous avons montré que la définition qu'il donne de l'adversaire pose des questions majeures aux acteurs du contre-pouvoir.
Nous poursuivons en analysant comment Touraine définit les enjeux communs aux acteurs sociaux. Par « enjeu », le sociologue entend une ressource centrale pour le conflit, plus ou moins structuré et structurant, qui est au centre de la production de la société, et autour duquel les acteurs se rassemblent et s'opposent à la fois, se disputant sa possession et son interprétation.
Pour Touraine, la ressource centrale est désormais l'individu, puisque la globalisation a, selon lui, détruit toutes les institutions et la société elle-même. Les acteurs s'opposent sur la manière d'user de cette ressource : les libéraux poussent à l'individualisme pour détruire tout collectif; les dominés cherchent à construire une maison commune où ils seraient un tant soit peu Sujets.
Jean Blairon nuance cette vision qui met l'individu comme ressource centrale. L'individu n'est qu'une partie de l'enjeu ainsi défini. La ressource centrale n'est-elle pas plutôt le capital culturel? Des interprétations opposées en sont en effet possibles, Jean Blairon les décrit et en donne quelques exemples, en se référant par ailleurs à des auteurs, à des textes ou à des actions emblématiques.