On doit à Robert Castel une réflexion sur la notion de désaffiliation, qu'il présente comme un « décrochage par rapport aux régulations à travers lesquelles la vie sociale se reproduit et se reconduit ». La dérégulation du travail et la reconfiguration des protections sociales ont amené un nombre grandissant de personnes à devenir des « individus par défaut », désaffiliés, dans une société où le thème de la responsabilisation individuelle ne cesse de gagner du terrain. Ces personnes sont ainsi considérées comme« éloignées de l'emploi », et les politiques d'emploi cherchent, en les « activant », à les rapprocher de celui-ci. Cette forme de lutte contre la désaffiliation met alors l'emploi au centre des forces centripèdes, cherchant à ré-aimanter ceux que des forces centrifuges ont mis « out »; les résultats sont cependant rien moins qu'évidents. Or, il est possible de retourner ce schème, de considérer que c'est l'emploi qui s'est éloigné de ces personnes, et qu'une politique d'emploi appropriée peut permettre de se rapprocher d'elles.
Le SPP Intégration sociale a donc commandité une recherche-action afin d'étudier de l'intérieur une expérience associative qui va dans ce sens. C'est le Miroir Vagabond, à Hotton, association active dans le champ culturel comme dans le champ social, que RTA a choisi, parce que l'association a réussi une étonnante progression quantitative de son volume d'emploi en y incluant une forte proportion de personnes «désaffiliées», mais aussi parce qu'elle a réussi à déjouer les pièges classiques qu'une telle évolution engendre.
A quelles conditions (dans le chef des associations, mais aussi dans le chef des politiques) ce type d'expérience peut-elle avoir une chance de réussir? C'est ce que cette recherche tente d'explorer.
Le 21 janvier 2011, les résultats de la recherche ont été exposés publiquement. Le texte suivant revient sur cette recherche et la met en perspective
La recherche exhaustive est également disponible en version française et néerlandaise sur Intermag: