Nous avons eu l'occasion de participer, à dix jours d'intervalle, à deux moments d'exploration collective qui semblaient animés par une préoccupation commune : le 14 mai, le Ministère de la Communauté française invitait les opérateurs culturels namurois à une session des « Assises du développement culturel territorial en Communauté française » ; le 24 mai, un collectif d'associations, avec le soutien de la Communauté française, de la Province de Hainaut, de la Région wallonne et de la ville de Tournai entamait un séminaire sur les « forces et les formes de résistance pour le développement local ».
Entre les deux initiatives, les mêmes mots circulent : développement, culture, territoire. On peut penser toutefois (du moins au premier regard) qu'ils sont employés dans des directions qui sont opposées.
Dans un cas, il semble s'agir de réfléchir sur l'offre culturelle eu égard aux caractéristiques géo-économiques de l'arrondissement sur lequel elle se déploie ; dans l'autre, il s'agit de promouvoir des résistances au pouvoir technocratique qui s'appuient sur la subculture de groupes locaux pour construire des espaces participatifs de délibération et de décision en matière d'aménagement de la vie collective. Serions-nous face à un centaure schizophrénique, dont la tête et les jambes tireraient à hue et à dia?
Cette analyse tente de sortir de cette impression de coupure, de flottement et d'indécidabilité en tentant d'identifier des problèmes, de les relier à une histoire, de les connecter à des devenirs (c'est-à-dire des désirs, des engagements, des luttes, des possibles, des rencontres).