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En 1978, Thierry Gaudin, fonctionnaire français au Ministère de l'industrie, chargé de la « politique d'innovation », écrivait L'écoute des silences. Il y montrait que les résistances à l'innovation étaient vives et qu'on n'accordait pas d'importance à ce qui seul comptait : ce qu'on ne voit pas, ce qui ne se donne pas à entendre. Pour lui, le manque de réceptivité à l'innovation et la réticence à l'émergence d'une connaissance vraie s'expliquait par des comportements institutionnels particuliers vis-à-vis des bénéficiaires et usagers : les comportements pastoral, clérical, inquisitorial.

Des opérations pratiques permettent ces comportements, et d'autres permettent d'y résister; Gaudin nomme ces opérations des "katas", terme emprunté aux arts martiaux et désignant une succession de coups et de parades. Un "kata" permet ainsi d'installer le conservatisme, grâce à des "minets", ou jeunes diplômés sans expérience qu'on introduit dans une position de responsabilité où ils ne pourront rien faire d'autre de renforcer l'existant tout en donnant l'illusion du changement.

Au départ de ces travaux de Gaudin, Jean Blairon montre comment la religion du pouvoir a changé de credo, comment les trois comportements susnommés se sont, hélas, adaptés, et comment la fonction de "minet" peut être aujourd'hui assumée par des consultants "cosmétiques".