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*Mise à jour - juin 2020 - dans la section
"Des services qui scrutent leur parcours et leurs évolutions"
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Le reportage est composé de 3 capsules thématiques et de 4 interviews.
Comment a évolué le métier d'éducateur dans les institutions de l'aide à la jeunesse depuis les années 1960?
Le Centre d'Animation et de Recherche en Histoire Ouvrière et Populaire (CARHOP) en collaboration avec l'asbl Rhizome et l'asbl RTA a mené une série d'interviews et de rencontres afin de recueillir le témoignage et les souvenirs d'éducatrices et d'éducateurs sur les enjeux de la profession durant les années 1960 à 1980.
Des professionnel(le)s «historiques» du secteur qui ont aussi été les acteurs de ses mutations et de sa professionnalisation.
La vie en institution et les mutations de la protection de la jeunesse (de 1960 à 1980)
Invités : Marc Nef, éducateur/directeur de la Goudinière à Tournai Guy Vancraeynest, directeur Institut du Sacré Coeur à Yvoir Jacqueline Ashmore-Lorant, directrice fondatrice du Foyer l'Espérance à Bioul
Enregistré à l'Institut du Sacré Cœur pour filles à Yvoir
Les éducateurs se mobilisent pour leur métier (les années 70)
Invités : Marcel Jaminon, permanent CNE Christian Thiry, éducateur et directeur de Li Mohon, à Marche-en-Famenne Paul Lefevre, éducateur et directeur Les Myosotis à Etterbeek
Dès les années 1970, le mouvement des éducateurs sociaux a commencé à revendiquer un statut pour leur profession.
Educateur, un métier au féminin ?
Invités : Annie Bellemans, éducatrice au Foyer l'Espérance à Bioul Guy Vancraeynest, directeur Institut du Sacré Coeur à Yvoir
Enregistré au Foyer l'Espérance à Bioul
Une vie au service du Foyer
Entretien avec Arlette Pirenne, éducatrice et directrice au Foyer Saint-Augustin à Belgrade
Après des études d'éducatrice à Liège à la fin des années 60, Arlette Pirenne a commencé sa carrière en tant qu'éducatrice au début des années 1970 au Foyer Saint-Augustin à Belgrade.
L'éducateur, la petite main de l'institution?
Entretien avec Jean-Paul Jenard, éducateur à l'Institut du Sacré Coeur à Marchienne Docherie
Après avoir travaillé 15 ans dans l'industrie Jean-Paul Jenard a été le premier éducateur homme à entrer dans l'institution.
De l'orphelinat de garçons vers le projet de triades
Entretien avec Jean Huet, éducateur à la Maison Saint-Joseph de Marchienne-au-Pont et directeur du Home Rolland à Mons.
Jean Huet a commencé le métier d'éducateur en 1964 dans un orphelinat de garçons à Marchienne-au-Pont. Il est devenu par la suite directeur du home Rolland à Mons en 1973, où il a fait toute sa carrière.
Un Foyer pour frères et soeurs : le choix d'une pionnière
Entretien avec Jacqueline Ashmore-Lorant, directrice-fondatrice du Foyer l'Espérance à Bioul
En 1964, Jacqueline Ashmore-Lorant a fondé le Foyer l'Espérance à Bioul. Elle voulait à l'époque trouver une alternative aux orphelinats en créant des foyers familiaux qui permettaient de préserver les fratries.
/ Voir l'album viméo dédié au reportage: https://vimeo.com/album/4995520
/ Voir la chaîne viméo de l'asbl RTA: https://vimeo.com/rtaasbl
Un écueil à éviter lorsqu’on se penche sur les évolutions d’un métier est de ne s’intéresser qu’à la relation professionnel-bénéficiaire et, à l’intérieur de celle-ci, de faire porter tout le poids des problèmes sur l’agent, en oubliant la société qui est en lui, c’est-à-dire en négligeant le fait qu’il est souvent imposé aux agents d’être des relais d’un modèle de développement qu’ils n’ont pas choisi.
Le modèle de développement
Se fondant sur plusieurs recherches menées par RTA, Jean Blairon constate dans cette analyse qu'une forme de dérive missionnaire s'est installée dans le travail social en général, insidieusement car elle est le fruit d'un double retournement : le premier est le retournement, par le capitalisme, des victoires culturelles de mai 68 ; le second est la relégation des acteurs comme les syndicats, porteurs des revendications plus sociales, mais aussi plus globalement de tous les acteurs collectifs, l'Etat en tête, dans le rôle du boulet poussiéreux, rigide, autoritaire et retardataire.
Ce n'est que dans les années 90 que les effets de ce double retournement, déjà bien installés, seront clairement perçus. Y compris dans le travail social. Comment alors s'organiser pour retourner le retournement ?
Les combinaisons de niveaux d’interactions
En fait d'évolutions, il faut plutôt parler de combinaisons d'évolutions (ou faut-il parler de régressions ?) issues de niveaux différents : évolution du travail en général, du travail social en particulier, transformations internes au champs social, et évolutions sociétales.
Réfléchir en termes d’évolution, c’est donc tenter d’analyser les combinaisons d’interactions entre ces différents niveaux. Force est alors de constater que les situations actuelles connectent des évolutions de ces différents niveaux pour arriver parfois à des mariages contre-nature entre des régressions issues du monde du travail en général et des thèmes plus progressistes propres au champ social. Plusieurs exemples concrets sont ici développés.
Mais des outils de repérage à mobiliser dans ce paysage complexe où les retournements sont légion sont également développés.
Penser la situation d’un secteur du travail éducatif et social (les AMO en l’occurrence) par rapport aux politiques qui organisent l’austérité est une question difficile.
Entre les constats qui portent sur le niveau des structures ou si l'on préfère des politiques structurelles et ceux qui portent sur les interactions, par exemple le rapport professionnels/bénéficiaires qui se construit dans l'action, l'espace intermédiaire qui unit et sépare ces deux niveaux n'est pas simple à baliser. Pour autant, en replaçant les missions du travail social et éducatif dans un ensemble politique plus large, on peut en changer la perception et identifier des possibilités de lutter en commun contre les effets de la précarité.
Travail éducatif et social et précarité – analyse 2015, par Jean Blairon
Il peut y avoir plusieurs manières d’aborder la question de l’évolution d’un métier/d’une pratique ; il n’y en a d’ailleurs pas qu’une qui soit majoritaire ou dominante.
Dans plusieurs de nos analyses, nous avons abordé ces évolutions au travers de plusieurs prismes.
Le prisme de la relation entre la demande et la commande sociale
Dans cette analyse, Jean Blairon s’est demandé si on pouvait identifier une évolution qui toucherait le travail éducatif et social (plus largement que le seul métier d’éducateur) en matière de relation entre demande et commande sociale, la tension entre ces deux pôles déterminant les enjeux les plus aigus, mais aussi les plus extensifs puisqu’ils touchent plusieurs métiers de manière indifférenciée.
On doit malheureusement déplorer une pente dominante, qui touche par ricochet le travail social, et qui est ce que Loïc Wacquant a qualifié « d’utopie à l’envers » : il s’agit de l’arrivée, en Europe, de modèles américains : démantèlement des services publics, transformation des politiques sociales, requalification de ce qui était progressiste en ce qui est désormais rétrograde, etc. Les repères se brouillent, les conquêtes sont retournées ou dévoyées, y compris dans des pratiques très concrètes, comme celles d’accompagnement ou de projet.
Cela nécessite chez les acteur éducatifs d’adopter une attitude générale de réflexivité, mais aussi de se mobiliser autour d’un panel d’actions possibles et nécessaires.
L’évolution du métier d’éducateur – analyse 2017, par Jean Blairon
Le prisme de l’analyse institutionnelle
L’évolution du métier d’éducateur peut être abordé aussi d’un autre point de vue, celui des agents d’une institution librement construite par des personnes qui s’engagent pour un groupe, dont elles estiment qu’il n’est pas pris en compte pour ce qu’il est.
L’exercice du métier n’est pas découplé de la vie institutionnelle ; celle-ci sera considérée dans sa spécificité irréductible, par rapport à d’autres formes d’organisation, comme les organisations marchandes.
La question est alors : l’éducateur, cet agent institutionnel, dans quel(s) monde(s) l’institution le fait-elle vivre et dans quel(s) monde(s) vit-il avec elle ?
La sociologie des conventions a identifiés 7 « mondes » différents, qui se caractérisent par un accord (une convention) de leurs « habitants » sur les orientations poursuivies et les manières de les mettre en œuvre honorablement. Ces mondes forment système.
Si l’on pense le travail de l’éducateur comme agent institutionnel, par le cadrage à partir des « mondes » on voit que des résonances apparaissent, que des incompatibilités entre mondes se révèlent, voire des conflits, mais aussi que certains mondes, comme le monde marchand, tendent à imposer leur logique aux autres ; il s’agit alors pour les agents d’organiser les agencements les plus compatibles avec leurs missions.
Educateur, un métier situé dans plusieurs mondes ? - analyse 2016, par Jean Blairon
La fierté professionnelle peut reposer sur plusieurs composantes, qui dépassent la tâche en elle-même et qui incitent le travailleur à se dépasser, à se dépenser. Toutefois, cette fierté peut être aussi détournée par le management, qui impose une concurrence généralisée entre travailleurs en se servant de cette fierté professionnelle pour favoriser l’individualisme. Cette fierté peut aussi être marquée par l’incertitude ou le doute, dans des professions qui sont socialement peu valorisées ou vécues comme telles. Cela peut être le cas du métier d’éducateur.
Il importe alors d’aborder la question sous l’angle de l’analyse institutionnelle, et de lire le local au départ du global.
Et le global, c’est d’abord une société du « bougisme » généralisé. Le changement récurrent est de plus en plus prôné, voire imposé. Ne pas bouger, ce serait résister à la modernisation.
Dans le social, on sait combien les politiques d’activation surfent sur cette obligation de (se) bouger, qui condamnent nombre de personnes à courir après un « projet » souvent proche du mirage.
Dans ce cadre, la question du rôle politique des éducateurs se pose comme centrale. Où mettront-ils leur fierté professionnelle ?
Le métier d’éducateur et la question de la fierté professionnelle - analyse 2019, par Jean Blairon
Un rôle micro-politique
Le travail éducatif peut être vu par le prisme d’un double déni : penser son rôle comme une simple présence rythmée par les tâches domestiques, ou le penser comme la mise en œuvre de méthodes « grillagées » menu. Mais on peut dépasser ce déni en considérant, comme Félix Guattari, que la question éducative est tout entière micro-politique, c’est-à-dire qu’elle traduit dans le concret du quotidien des « positions ». Bien entendu, des positions peuvent être opposées, en fonction des interprétations du rôle qui est faite par les uns et les autres. La conception de ce rôle a changé : rôle socio-politique de transmetteur ou producteur de capital culturel ? Il s'agit aujourd'hui d'abandonner les représentations du travail social comme d'un métier d'aide ou d'accompagnement des exclus, au profit de la prise de conscience que ce travail participe à la production du capital nécessaire à toutes les autres productions.
Quelle évaluation de ce rôle ?
Cette analyse met en question la manière d'évaluer et de contrôler les associations et les éducateurs : l'évaluation et le contrôle sont souvent confondus, se chevauchent parfois.
Derrière ces problèmes, on peut reconstituer les effets de la domination dont le champ éducatif est victime ; pour s'en libérer, il faut parier sur des processus de vigilance collective.
Peut-on évaluer le travail de l’éducateur ? – analyse 2009, par Jean Blairon et Jacqueline Fastrès
*Ajout juin 2020
SA Li Mohon,
actes de la journée réflexive et participative : « Un demi-siècle de pratiques créatives avec les jeunes et les familles »
SAAE la Ruche,
reportage vidéo : « Le lien au cœur du dé-placement »
SAAE l'Aubepine,
webdocumentaire : « 1965-2015, 50 ans d’histoires d’un Service d’Accueil et d’Aide Educative »
SAAE le home Juliette Herman,
reportage : « LIVRE DE VIES : Plus d'un siècle d'accueil de l'enfance à Bruxelles »
AMO,
à l'initiative de trois fédérations (ANCE,FIPE et FISSAAJ), compte rendu multimédia du processus et des travaux : « GénérationS AMO »
Abaka,
actes multimédia du colloque : « De toit... à toi ?, 10 ans de parcours d'adolescence dans un centre de crise non mandaté »