CGé (Changements pour l’égalité) a consacré un numéro de sa revue TRACeS à la question de l’évaluation à l’école. Comme l’indique le sommaire de ce numéro, «L’évaluation est souvent réduite à une opération de contrôle à postériori. Or, l’essence de l’évaluation est d’être un processus permanent impliquant chacun lors d’une action, d’un apprentissage. Si contrôler, c’est dehors, après et tout seul, évaluer, c’est dedans, pendant et avec.»
Sollicité par la revue, et parlant des pratiques dites d’ «évaluation» à l’école, dont la forme a été peu à peu imposée aux enseignants, Jean Blairon a choisi de suivre l’invite de Guattari de toujours partir du global pour se poser deux questions:
- de quelle société l’agent (quel qu’il soit, ici l’enseignant) est-il l’interprète (au sens musical du terme), éventuellement contraint?
- pour quelle religion implicite officie-t-il ?
Au départ de ce point de vue, il montre que l’enseignement est l’objet de pratiques d’évaluation qui sont en fait un des piliers d’une nouvelle transversalité, telle que rené Lourau l’a définie : une institution n’est pas seulement définie par ses missions et les services qu’elle rend, mais elle produit des modèles de comportement se référant au modèle global dans lequel elle officie. Si autrefois, la transversalité ainsi entendue de l’école était de faire intérioriser à la jeune génération les valeurs de la famille chrétienne et de l’Etat bourgeois, aujourd’hui elle a pour fonction transversale de transmettre les normes néo-managériales d’une société « gestionnaire », qui ne contraint plus, comme la précédente, à l’obéissance à l’ordre, mais au mouvement permanent. L’évaluation (qui n’a rien d’une véritable évaluation) est, dans ce cadre, une arme efficace au service de cette nouvelle transversalité.
Analyse parue sur le site de la CGé