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Lorsque j'ai eu l'occasion de prendre connaissance des travaux consacrés par Jean-Pierre Le Goff à la modernisation (sauvage) des entreprises et à l'importation (qualifiée de barbare) de ses méthodes dans le champ de l'enseignement, je n'ai pu que me dire « enfin, quelqu'un qui l'a vu, et qui a vu juste! ».

Les constats posés par l'auteur étaient (pour en donner un résumé très simplificateur) les suivants  :

  • une révolution culturelle permanente est imposée aux individus, sommés d'être « autonomes/responsables/réactifs/motivés » au travail comme dans leur vie;
  • les compétences et performances de chacun sont éaluées en continu, y compris le « savoir-être », qui relevait auparavant d'une zone privée et libre;
  • chacun est dès lors invité à être « l'acteur de son propre changement », ce qui constitue une responsabilité impossible à assumer.

Ayant été dans les années 70/80 enseignant en lettres et m'étant beaucoup engagé dans la formation continuée des enseignants, je n'avais pu à l'époque que m'étonner devant l'étrange fierté de certains à imaginer qu'on allait désormais mettre en oeuvre une « ingénierie de l'éducation » ; je n'avais pu que constater l'imposition brutale d'une « pédagogie par objectifs », pourtant décriée par les praticiens, accompagnée de l'obligation de penser les pratiques via des tableaux à multiples entrées et des concepts étonnants (« formerl'élève au savoir-devenir »). Le désarroi des enseignants était grand, ainsi que l'impression qui était la leur d'être victimes d'un complet mépris. Nous étions pourtant confrontés à l'exercice d'un pouvoir pur...